Le 9 avril, une délégation d’élus du 9e arrondissement de Lyon menée par Emmanuel Giraud, en charge de la politique de la Ville et Antoine Jobert, chargé de la sécurité s’est rendue dans le quartier des Trois-Gouttes à la suite d’une assemblée générale tendue au sein du conseil de quartier de Saint-Rambert l’île Barbe à la fin de l’année dernière. Cette visite intervient alors que les habitants sont inquiets d’une montée de l’insécurité et alors que circule sur Internet une pétition demandant la mise en place de caméras de vidéosurveillance publiée par… un habitant du 4e.

Tout est parti d’une assemblée générale du conseil de quartier de Saint-Rambert, présidé par Marie-Dominique Rolling, qui s’est tenue en novembre 2024. Lors de cette réunion, une dizaine d’habitants des 3 Gouttes, quartier situé sur le plateau de Saint Rambert, construit en 1956, qui abritait des familles ouvrières après guerre, auraient pris la parole et interpellé directement les élus s’estimant délaissés.

Cinq mois plus tard, Emmanuel Giraud, élu référent de ce conseil de quartier puisqu’il habite dans le village de Saint-Rambert, en charge de la Politique de la Ville, de l’Habitat et du Logement, accompagné d’Antoine Jobert (sécurité, tranquillité, petite enfance) et de Clément Gaufriau, directeur de cabinet du maire du 9e, ont répondu à cet appel en se rendant sur place.

Des doléances récurrentes : propreté, stationnement, sentiment d’insécurité

Les élus, les habitants ont réalisé une marche exploratoire dans ce quartier bucolique. Les habitants ont exprimé une exaspération liée aux problèmes de circulation, de stationnement et de sécurité dans leur quartier. Plusieurs virages étroits et zones mal aménagées compliqueraient le passage des véhicules de service, notamment des éboueurs. Le stationnement gênerait aussi bien les piétons que les services publics. Les habitants regrettent une perte de convivialité dans le quartier et déplorent un manque de concertation dans les aménagements récents, qui ont selon eux dégradé le cadre de vie.

Les échanges avec les habitants et Marie-Dominique Rolling qui semble porter ce mouvement de mécontentement ont surtout fait émerger des préoccupations sur l’insécurité alors que le quartier très tranquille d’ordinaire a été le théâtre de vols à répétitions ces derniers mois. « On n’est pas dans le Bronx » a objecté une habitante tandis qu’une autre résidant près du stade a témoigné d’une dégradation des rapports avec le peu de jeunes qui utilise cet équipement municipal.

Une pétition controversée réclamant la mise en place de la vidéosurveillance

Il a également été question de vidéosurveillance alors qu’une pétition publiée sur Change.org et les réseaux sociaux circule sur Internet demandant la mise en place de la vidéosurveillance dans le quartier. Celle-ci a été mise en ligne par un certain Giampolo Ariu qui est passé par les universités de Bristol et Chalmers qui est affiliée au Forum économique mondial. M. Ariu travaille également pour IVECO, détenu par Exor la holding de la famille Agneli pilier du groupe Bilderberg.

Dans sa pétition, M. Ariu qui habite pourtant dans le 4e arrondissement met en avant la recrudescence de vols de pièces de voitures autour de la rue Claude Debussy. Il estime qu' »il est urgent que des mesures soient prises pour augmenter la sécurité » et préconise « L’installation de caméras de surveillance et la mise en place de rondes de police ». Il met en avant le fait que selon « le Ministère de l’intérieur, l’utilisation de la vidéosurveillance a permis de réduire la criminalité de 23% dans certains quartiers résidentiels ».

Entretien avec Emmanuel Giraud, élu référent du conseil de quartier de Saint-Rambert/l’île Barbe

À l’issue de la marche exploratoire, Emmanuel Giraud a échangé avec les habitants, qui ont continué à faire part de leurs préoccupations. La question de la vidéosurveillance a une nouvelle fois été débattue. La plupart des habitants présents semblaient réclamer l’installation de caméras, alors que la pétition de Giampaolo Ariu a circulé sur les réseaux sociaux, notamment sur des groupes comme Le Plateau de Saint-Rambert – Mon quartier.

L’élu a affirmé qu’il n’était pas opposé à l’installation d’une caméra vers le Pôle 9, la MJC située à la place de l’ancienne cité Édouard-Herriot, où des habitants déposent régulièrement d’anciens meubles. Il a ensuite gentiment accepté de s’entretenir avec nous et de revenir sur ce qu’il qualifie d’« expertise d’usage des habitants ».

« On est souvent accusés, en tant qu’élus, d’être enfermés dans notre tour d’ivoire. Et donc, il n’y a rien de mieux que de faire du terrain. On n’en fait jamais suffisamment. »

Il nous a expliqué que les doléances des habitants ne l’avaient pas surpris, car elles correspondent aux demandes que l’on retrouve dans la plupart des quartiers :

« Un habitant veut d’abord avoir un lieu propre, se sentir en sécurité et pouvoir se déplacer comme bon lui semble », a-t-il résumé.
« Le sentiment d’insécurité est prégnant, mais aussi fortement véhiculé par ce que les gens entendent ailleurs. Je ne minimise rien, mais il faut prendre du recul », a-t-il ajouté.

À propos de la vidéosurveillance, M. Giraud a rappelé la ligne de sa majorité :

« Plutôt que de multiplier les caméras, nous plaidons pour davantage de présence humaine, des forces de l’ordre en proximité. C’est le lien humain qui fabrique la sécurité. »

Il a précisé que la municipalité lyonnaise s’est orientée vers une stabilisation du parc de caméras, même si un « léger ajustement » a été engagé récemment, alors que Grégory Doucet a annoncé, au mois de décembre dernier, l’installation de 30 à 60 nouvelles caméras de vidéosurveillance en 2025.

À propos de la pétition lancée par Gianpaolo Ariu demandant l’installation massive de caméras dans le quartier, Emmanuel Giraud, se dit surpris et estime que cela pose également la question des réseaux sociaux et de la façon dont ils peuvent aujourd’hui influencer l’opinion locale. Il a cité pour exemple une confidence de Pierre Oliver, maire LR du 2e et candidat déclaré pour les prochaines municipales qui lui aurait confié qu’alors qu’il avait posté une publication sur l’un des ses tractages lors des dernières présidentielles pour la contributrice de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Valérie Pécresse, qu’« au bout d’un quart d’heure, il avait douze like et 800 commentaires de Zemouristes ». Nous avons toutefois fait remarqué que Pierre Oliver est membre de la promotion 2023 (et non pas 2019 SIC) des Young Leaders des Instituts Aspen, dirigés par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Daniel R. Porterfield.