L’Organisation mondiale de la santé (OMS) dirigée par le contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a tiré la sonnette d’alarme sur une diminution préoccupante de l’utilisation des préservatifs parmi les adolescents, soulignant les risques accrus d’infections sexuellement transmissibles (IST) et de grossesses non désirées. Ce constat alarmant, voire alarmiste, émane d’un nouveau rapport publié par le Bureau Régional de l’OMS pour l’Europe, qui met en lumière les tendances inquiétantes concernant la santé sexuelle des jeunes et encourage l’éducation sexuel à l’école.
Selon le rapport, l’utilisation des préservatifs parmi les adolescents sexuellement actifs a chuté de manière significative depuis 2014. Les données révèlent une diminution marquée du nombre d’adolescents ayant utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel, tombant de 70 % à 61 % chez les garçons et de 63 % à 57 % chez les filles entre 2014 et 2022. Cette baisse généralisée est observée à travers plusieurs pays et régions, certains connaissant des réductions plus drastiques que d’autres.
Conséquences graves pour la santé des adolescents
L’OMS met en garde contre les conséquences graves de cette tendance. L’augmentation des relations sexuelles non protégées expose les jeunes à des risques accrus d’IST, de grossesses non désirées et de complications liées à des avortements dangereux. Le rapport indique également que près d’un tiers des adolescents (30 %) n’ont utilisé ni préservatif ni pilule contraceptive lors de leur dernier rapport sexuel, un chiffre qui reste presque inchangé depuis 2018.
Dr Hans Henri P. Kluge, Directeur Régional de l’OMS pour l’Europe, souligne que « Les résultats du rapport sont préoccupants mais pas surprenants ». « L’éducation sexuelle adaptée à l’âge est encore insuffisante dans de nombreux pays, et là où elle est disponible, elle est souvent attaquée sous prétexte qu’elle encouragerait le comportement sexuel. En réalité, fournir aux jeunes les bonnes informations au bon moment conduit à des résultats de santé bien meilleurs. Nous devons agir immédiatement pour stopper cette tendance négative. »
Le manque d’éducation sexuelle globale : Une lacune majeure
Le rapport met en évidence des lacunes significatives dans l’éducation sexuelle complète et adaptée à l’âge. Cette défaillance est attribuée à un manque d’éducation sexuelle appropriée, ainsi qu’à des obstacles à l’accès aux méthodes contraceptives. Dr András Költő de l’Université de Galway, par laquelle sont passés les contributeurs du FEM, Teresa O’Flynn et Rónán Kennedy, auteur principal du rapport, déclare : « Une éducation sexuelle complète est essentielle pour permettre aux jeunes de faire des choix éclairés et responsables ». « Nous devons aller au-delà de la simple transmission d’informations et offrir des espaces sûrs pour discuter de consentement, de relations intimes, et d’autres questions cruciales. »
Appel à l’action
Pour remédier à cette situation critique, l’OMS appelle à une série de mesures urgentes :
- Investir dans l’éducation sexuelle : Mettre en œuvre et financer des programmes d’éducation sexuelle fondés sur des preuves dans les écoles, abordant des sujets variés tels que la contraception, les IST, le consentement, et l’égalité des genres.
- Améliorer l’accès aux services de santé sexuelle : Assurer que les adolescents aient accès à des services de santé sexuelle confidentiels et abordables, adaptés à leurs besoins spécifiques.
- Encourager le dialogue ouvert : Promouvoir des conversations honnêtes sur la santé sexuelle au sein des familles, des écoles et des communautés pour réduire la stigmatisation et accroître la sensibilisation.
- Former les éducateurs : Fournir une formation spécialisée aux enseignants et aux prestataires de soins de santé pour offrir une éducation sexuelle efficace et inclusive.
Dr Margreet de Looze de l’Université d’Utrecht conclut en affirmant que « Les adolescents méritent les connaissances et les ressources nécessaires pour prendre des décisions éclairées sur leur santé sexuelle ». « Nous avons les outils et les stratégies nécessaires pour améliorer les résultats en matière de santé sexuelle des jeunes. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une volonté politique forte et de ressources adéquates pour concrétiser ces objectifs. »
L’OMS appelle donc les décideurs, les éducateurs et les responsables de la santé à redoubler d’efforts pour offrir aux adolescents une base solide pour une santé sexuelle et reproductive optimale.