Nous nous étions entretenu avec Justin Wang, l’acteur vedette du film « Hope » réalisé par Boris Lojkine en 2015, qui nous avait raconté vivre un calvaire depuis le tournage du film, puisqu’il se retrouve coincé dans son village natal au Cameroun. Ce n’est pas un cas isolé, puisque nous avons interviewé, italien Martial Eric, qui a joué dans le film et assisté le réalisateur. Il nous a confié s’être réfugié en Algérie après avoir participé à ce tournage.
X-Pression Média : Est-ce que vous pouvez vous présenter s’il vous plait ?
Italien Martial Eric : Oui, bien sûr. Moi, c’est Italien Martial Eric, je suis Camerounais et j’ai joué dans le film « Hope ». Je jouais le commissaire du ghetto et j’ai également exercer comme assistant du réalisateur Boris Lojkine, qui n’avait jamais mis les pieds en Afrique, donc je l’ai conseillé pour que les choses soient plus similaires à la réalité.
Vous étiez au Maroc lorsque vous avez été recruté ?
Oui, j’étais au Maroc, je sortais de la forêt. J’étais stressé et même effrayé par ce que j’avais fait. Il m’a sollicité et m’a dit de faire le casting, ce qui m’a permis de réussir. Comme je n’avais pas les papiers pour tourner, ils ont pris nos noms et se sont rendus à Amnesty International pour obtenir l’autorisation nécessaire pour tourner le film.

Comment s’est déroulé le tournage du film ?
Avant de commencer, nous avons suivi une formation de deux à trois semaines pour apprendre le métier de comédien. Une fois formés, on nous a dit que nous partions pour le tournage. Étant stressés et un peu réticents, nous avons décidé de donner le meilleur de nous-mêmes pour transmettre un message. Nous avons besoin d’immigration dans le monde entier et dans nos pays, nous souffrons, notamment à cause du taux élevé de corruption.
Après le film, les choses se sont-elles bien passées ?
Oui, très mal. Boris Lojkine ne nous a plus jamais contactés. Lorsqu’il a voulu reprendre contact, il a mentionné vouloir nous présenter au Festival de Marrakech. Une fois arrivé à l’hôtel, je lui ai dit que je pensais qu’il nous prenait pour des gens illettrés. Le film est sorti et je le vois partout, tandis que nous, nous n’avions aucune visibilité. Mes amis en Europe m’appellaient pour me dire que j’étais devenu une superstar en France, mais il me disait que nous ne pouvions rien voir. Il a affirmé vouloir nous présenter au festival en tant qu’acteurs internationaux, mais il ne nous a rien expliqué sur la marche à suivre. Depuis ce jour, lorsque j’ai voulu faire des recherches sur le succès du film, j’ai découvert que nous n’avions pas été défendus adéquatement. Nous étions stressés, sortant de la forêt, sans comprendre pleinement nos contrats. Ils nous ont seulement donné une somme modique.

Combien avez-vous été rémunéré pour votre rôle dans ce film ?
Je ne pense pas avoir reçu plus de 700 euros. Il a été indiqué que nous étions des artistes amateurs, mais c’est faux puisqu’au Cameroun, j’ai participé au tournage de plusieurs clips, comme celui de l’artiste Belkacem Tobis, en tant que chorégraphe. Après cela, j’ai commencé à faire des revendications, mais des personnes ont tenté de me nuire. J’ai dû fuir pour protéger ma vie et je suis partie en Algérie. Là, j’ai subi des traumatismes, mais j’ai gardé un mental fort pour ma famille.

Quelles sont vos revendications maintenant ?
Premièrement, nous n’avons pas été correctement rémunérés. Deuxièmement, nous n’avons pas pu présenter le film comme il se doit. On m’a indiqué que j’avais été nominé aux César Académie 2015, mais je n’en ai pas été informé. De plus, le film est maintenant considéré comme un patrimoine mondial au musée de l’immigration de Paris, mais nous n’avons reçu aucune reconnaissance ni soutien de la part des réalisateurs ou des chaînes internationales.
Je me suis entretenu avec Justin Wang qui était l’acteur principal du film, pour qui cela s’est très mal passé également, puisqu’il se retrouve coincé au Cameroun, depuis qu’il a joué dans ce film. Vous connaissez d’autres acteurs qui ont eu des problèmes après le tournage ?
Tout le monde a rencontré des problèmes. Nous avions un confrère, un Nigérian, Boby, qui n’a pas pu entrer en Angleterre et apparement, il est mort maintenant. Nous avons eu peur de retourner en Europe après cela.
C’est seulement maintenant que j’ai pris l’initiative de faire des recherches. J’ai vu beaucoup de choses sur ce film. Il a même été sollicité par Hollywood et a remporté plusieurs récompenses.
Malgré cela, nous, les acteurs, n’avons même pas eu l’occasion de parler de ce film sur une chaîne internationale, française ou européenne. Et pourtant, les gens continuent de mourir en mer. J’ai également l’impression que depuis que j’ai joué dans ce film, ma carrière est bloquée. Depuis, j’ai participé à plusieurs castings, mais cela n’a rien donné.