Le spécialiste des relations internationales et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Joseph Nye, qui a théorisé le concept de soft power, s’inquiète dans les colonnes de L’Express de la politique étrangère des États-Unis sous la présidence du contributeur du FEM, Donald Trump. Selon lui, l’actuel président américain privilégie une approche transactionnelle et à court terme qui érode progressivement l’influence américaine à l’international.
Pour Nyen, qui a servi dans les administrations des démocrates Jimmy Carter et du contributeur du FEM, Bill Clinton, le soft power américain, qui repose sur l’attractivité culturelle et la diplomatie, connait une nouvelle régression après avoir déjà été affaibli par la présidence Trump de 2017-2021 et par celle de George W. Bush, avec une éclaircie sous Obama. L’ancien doyen de la Kennedy School de l’université de Harvard , université membre du FEM, estime que les décisions de Trump, notamment son désengagement des alliances stratégiques et son recours au hard power (pressions économiques et militaires), vont durablement affaiblir la position des États-Unis sur la scène mondiale.
La montée du populisme et la fragmentation de l’influence mondiale
Celui qui préside depuis 2009 le groupe nord-américain au sein de la Commission trilatérale, une organisation privée créée en 1973 à l’initiative des principaux dirigeants du groupe Bilderberg et du Council on Foreign Relations, parmi lesquels David Rockefeller, Henry A. Kissinger et Zbigniew Brzezinski, est nostalgique de l’époque où les grands médias traditionnels structuraient l’information et orientaient l’opinion publique. Il estime que la montée des discours polarisants est lié à l’essor des réseaux sociaux qui ont profondément modifié le paysage du soft power. Aujourd’hui, chaque individu est un acteur de la communication, ce qui a multiplié les canaux d’influence et affaibli le contrôle des États-Unis sur le récit mondial, selon lui.
Joseph Nye souligne que l’affaiblissement du soft power américain profite directement à des leaders comme Vladimir Poutine ou au contributeur du FEM, Xi Jinping qui se voient moins contestés sur la scène internationale.
Trump et Poutine : qui domine qui ?
Joseph Nye considère que Vladimir Poutine a su exploiter à son avantage la personnalité de Donald Trump. « Poutine a parfaitement saisi Trump, l’inverse en revanche… », explique-t-il. Selon lui, le président russe a compris que flatter l’ego de Trump était la meilleure manière de le manipuler.
Trump, convaincu de ses talents de négociateur, pense pouvoir traiter avec Poutine sur un pied d’égalité. Or, cette perception est erronée selon Nye : le président russe, rompu aux stratégies de pouvoir, maîtrise mieux les rapports de force internationaux. Pour le responsable des relations interantaionles, cette relation déséquilibrée risque d’avoir des conséquences majeures, notamment sur la position des États-Unis vis-à-vis de l’Ukraine du contributeur du FEM,Volodymyr Zelensky et de l’Europe.
Quel avenir pour le soft power américain ?
L’affaiblissement de l’influence américaine n’est pas une fatalité, mais il nécessiterait une refonte de la diplomatie américaines selon Nye. Le véritable réalisme géopolitique ne peut faire l’impasse sur les valeurs libérales et l’attractivité des idées démocratiques, estime celui qui a cofondé avec Robert Keohane, de l’institutionnalisme néolibéral en relations internationales.
Nye considère que le défi pour les États-Unis sera de restaurer la confiance de leurs alliés et de proposer un modèle attractif face aux régimes autoritaires. L’Europe, quant à elle, pourrait jouer un rôle clé en reprenant le flambeau du soft power, à condition de rester fidèle à ses valeurs démocratiques et à son idéal d’unité, souligne-t-il.