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François Bayrou/ Image : Capture d'écran Public Sénat.

Discours de François Bayrou à l’Assemblée : Le premier ministre tente de convaincre, en vain

François Bayrou a prononcé son discours de politique générale à l’Assemblée nationale ce mardi 14 janvier. Entre réformes des retraites, écologie, fiscalité et immigration, le Premier ministre a cherché à convaincre un hémicycle divisé. Lors de son discours, Bayrou a annoncé une reprise des discussions sur la réforme des retraites, mais n’échappera pas à une motion de censure de la gauche.

À Matignon depuis un mois, François Bayrou a pris la parole pour présenter les grandes orientations de son gouvernement. Parmi les priorités : une réforme des retraites renvoyée aux partenaires sociaux, une transition écologique soutenue par le nucléaire, et une promesse de « stabilité » économique malgré des prévisions de croissance abaissées à 0,9 % pour 2025.

Cependant, ce discours n’a pas convaincu l’opposition. Dès sa conclusion, les députés insoumis, écologistes et communistes ont déposé une motion de censure. Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, a dénoncé un « déni de démocratie » et critiqué un budget jugé « pire que celui de Michel Barnier ».

Les réformes des retraites au cœur des débats

François Bayrou a confirmé que la réforme des retraites, adoptée en 2023 via un recours au 49.3, ne serait ni suspendue ni abrogée. Il a proposé une « mission flash » confiée à la Cour des comptes pour évaluer l’état des finances du système. Cette négociation sociale impliquant syndicats et patronat, devrait même débuter ce vendredi pour une durée de trois mois.

L’objectif annoncé est d’aboutir à un accord équilibré et juste, avec la promesse d’intégrer les conclusions dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Cependant, Bayrou fixe une condition stricte : maintenir l’équilibre financier, estimant qu’une abrogation coûterait 15 milliards d’euros d’ici 2030. Il ajoute à ce calcul le coût des pensions des anciens agents publics, alourdissant la facture de 40 à 45 milliards d’euros supplémentaires.

Cette démarche, saluée par le patronat mais critiquée par la CGT, repose sur des enjeux complexes, notamment l’âge légal de départ à la retraite. Si aucun accord n’est trouvé, la réforme actuelle restera en vigueur, ce qui accentue les tensions avec les syndicats. La CGT dénonce un dialogue biaisé tandis que les socialistes hésitent sur leur soutien à la motion de censure.

Une écologie critiquée et des mesures jugées insuffisantes

L’engagement écologique du gouvernement a également été remis en question. Les associations environnementales, comme le Réseau Action Climat, ont qualifié le discours de « désastreux ». Elles reprochent au Premier ministre de privilégier le nucléaire tout en omettant des solutions clés comme les énergies renouvelables et la sobriété énergétique.

De plus, la critique des inspecteurs de l’Office français de la biodiversité, jugés responsables d’une « humiliation » envers les agriculteurs, a renforcé les tensions avec les défenseurs de l’environnement.

Une nouvelle taxe pour les hauts patrimoines

François Bayrou a annoncé travailler sur une « taxe anti-optimisation pour les hauts patrimoines ». Cette mesure vise à réduire l’évasion fiscale et pourrait être incluse dans le budget 2025. Bien qu’applaudie par certains députés, elle reste insuffisante pour calmer les critiques sur les inégalités sociales et le pouvoir d’achat.

Un gouvernement sous pression

Alors que le Rassemblement national a choisi de ne pas voter la motion de censure pour « laisser sa chance » au gouvernement, la droite républicaine, par la voix de Laurent Wauquiez, exige des mesures fermes sur l’immigration et la sécurité.

François Bayrou, quant à lui, reste déterminé à défendre son projet, évoquant la nécessité de « restaurer l’autorité de l’État » et de réorganiser l’action publique.

Ce discours de politique générale marque un tournant pour François Bayrou, qui tente de naviguer entre compromis et fermeté. Avec une motion de censure imminente et des critiques venant de toutes parts, le Premier ministre devra prouver sa capacité à rassembler pour éviter le même sort que son prédécesseur, Michel Barnier.

Sources : Le Monde, Libération, France Info.

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