À l’issue du Paris Peace Forum, le ministre des Affaires étrangères Jean‑Noël Barrot était l’invité de Darius Rochebin sur LCI. Il a livré sa vision de la diplomatie française : multilatéralisme modernisé, cooopération rénovée avec l’Afrique et dissuasion renforcée face à la Russie. Interrogé sur les démonstrations de force de Vladimir Poutine Barrot estime que le président russe souhaite en découdre.
Lors de son intervention sur LCI ce mercredi 29 octobre, Jean-Noël Barrot a esquissé les contours d’une diplomatie française adaptée aux mutations géopolitiques d’aujourd’hui. Face à des organisations internationales affaiblies — « Les espaces traditionnels de la diplomatie sont mal en point. Le multilatéralisme… va mal », a-t-il lancé à propos du Paris Peace Forum. Le ministre estime qu’il faut « créer de nouveaux moments, de nouveaux espaces où se rencontrent les diplomates avec les acteurs de la société civile, les entreprises, les associations, les ONG ».
Cette ambitieuse posture repose selon lui sur la mise en place de coalitions transversales : « À partir de ces coalitions ensuite élargir progressivement le cercle ». Le modèle s’appuie sur les succès déjà observés lors du « pacte pour la prospérité des peuples et de la planète » et de l’appel de « Christ Church » pour la régulation de la violence en ligne.
Sur le front de la sécurité européenne, le ministre a confirmé une inquiétude grandissante : les annonces récentes de Vladimir Poutine sur un prochain choc militaire, l’effort de réarmement russe et la fragilisation de l’architecture nucléaire internationale illustrent selon lui une intensification des menaces. Face à cela, la France et ses partenaires européens ont choisi « d’augmenter les dépenses militaires » et de doter l’Europe d’une base industrielle et technologique de défense (125 milliards d’euros prévus). L’objectif est de « rétablir la dissuasion, c’est-à-dire rétablir le bon niveau de défense pour écarter les menaces ».
Jean-Noël Barrot a néanmoins rejeté l’idée d’une Europe fébrile, disant que « ce n’est pas une question de fébrilité, mais d’évolution du monde à laquelle nous avons décidé d’agir peut-être un peu plus rapidement que certains de nos partenaires. » Il a rappelé l’histoire de la construction européenne et de l’OTAN, soulignant la capacité de l’Europe à rester « infiniment plus riche et plus forte que la Russie de Vladimir Poutine ».
Sur le dossier russo-ukrainien, le ministre a confirmé qu’un dialogue avec Moscou ne pourra s’engager que dans le cadre d’un cessez-le-feu concret. Il a en revanche souligné la nécessité de voir les Européens présents dans toute discussion concernant l’avenir de l’Ukraine et la sécurité du continent.
La coopération avec l’Afrique a également été évoquée. À propos de la région des Grands Lacs, Jean-Noël Barrot a insisté sur la gravité de la crise humanitaire (27 millions de personnes en insécurité alimentaire, 7 millions en crise aiguë) et sur la volonté française de mobiliser la communauté internationale. Concernant l’Algérie, il a souligné la volonté d’un « dialogue exigeant » afin de relancer coopération migratoire et sécurité, tout en indiquant que les intérêts français restent intacts face aux tensions récentes.
Le ministre a mis en avant la nécessité pour la France de protéger ses ressortissants, de défendre la voix de la nation, et d’agir « différemment de ce que nous avons pu faire par le passé ».
Sources :
Interview de Jean-Noël Barrot sur LCI – mercredi 29 octobre 2025 
 
								 
															 
		 
							 
							