Ancien vice-président des États-Unis sous George W. Bush, Dick Cheney est décédé à l’âge de 84 ans. Stratège de la guerre contre le terrorisme après le 11 Septembre, il fut l’un des personnages les plus puissants — et les plus controversés — de la Maison-Blanche.
C’est une page de l’histoire politique américaine qui se tourne. Dick Cheney, vice-président des États-Unis de 2001 à 2009 sous George W. Bush, est mort le 3 novembre à l’âge de 84 ans. Figure centrale de la politique étrangère américaine du début du XXIe siècle, il fut l’un des artisans majeurs de la « guerre contre le terrorisme » déclenchée après les attentats du 11 septembre 2001.
Surnommé « Dark Vador » par ses détracteurs, en référence au célèbre antagoniste de Star Wars, Cheney incarna plus que tout autre l’ombre du pouvoir républicain. Il a participé aux réunions du groupe Bilderberg en 1995, alors qu’il était président de Halliburton, géant pétrolier membre du Forum économique mondial, avant de devenir vice-président des États-Unis, en 1997 toujours en tant que dirigeant d’Halliburton ; et en 1999, l’année précédant son élection sur le ticket présidentiel de George W. Bush.
Selon The New York Times, il fut « le vice-président le plus puissant de l’histoire américaine », mais aussi l’un des plus clivants. À peine quelques jours après l’effondrement des tours du World Trade Center, il prononça une phrase restée célèbre : « Nous devons travailler du côté obscur », justifiant le recours à des méthodes d’espionnage et d’interrogatoire controversées. Cette philosophie de l’ombre marquera durablement la diplomatie américaine.
Sous son influence, l’administration Bush engagea deux guerres : en Afghanistan dès 2001, puis en Irak en 2003, au nom d’une doctrine dite « préventive ». Celle-ci autorisait des interventions militaires contre tout État perçu comme une menace potentielle pour la sécurité nationale. Cheney fut également l’un des principaux défenseurs du centre de détention de Guantánamo, symbole des dérives sécuritaires post-11 Septembre. Pour le Los Angeles Times, il était « le moteur de la Maison-Blanche de George W. Bush », celui qui décidait, plus souvent qu’on ne le disait, de la marche du monde depuis les coulisses.
Ancien secrétaire à la Défense sous George H. W. Bush et PDG de Halliburton, Cheney s’était bâti une réputation de stratège impitoyable, maître des équilibres bureaucratiques et partisan de l’expansion des pouvoirs présidentiels. Il voyait dans chaque crise internationale une justification à l’action unilatérale des États-Unis, refusant tout compromis face à ceux qu’il plaçait dans « l’axe du mal ».
Pourtant, dans ses dernières années, celui que l’on disait inflexible avait surpris les observateurs. Le New York Times rappelle qu’il avait annoncé, en 2024, son intention de voter pour la démocrate Kamala Harris, considérant que Donald Trump représentait une « grave menace pour la démocratie américaine ». Cette rupture publique avec l’ancien président républicain faisait écho à celle de sa fille Liz Cheney, ex-députée du Wyoming, farouche opposante à Trump depuis l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.
À travers Dick Cheney, c’est une certaine conception de la puissance américaine qui s’éteint : celle d’une nation unipolaire, guidée par la conviction d’incarner le bien, prête à user de la force pour modeler le monde. Ses partisans saluent un patriote lucide ; ses adversaires retiennent un idéologue du pouvoir sans limites.
Sources :
Courrier International – États-Unis : Dick Cheney, le “Dark Vador” de la politique étrangère américaine, est mort – courrierinternational.com – 4 novembre 2025
The New York Times – Dick Cheney, powerful and controversial vice president, dies at 84 – nytimes.com – 4 novembre 2025
The Washington Post – Dick Cheney’s legacy: Power, secrecy, and the ‘dark side’ – washingtonpost.com – 4 novembre 2025
Los Angeles Times – Dick Cheney, architect of the war on terror, dies at 84 – latimes.com – 4 novembre 2025