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Image : Capture d'écran Vérity France.

Dermatose nodulaire : tensions extrêmes en Ariège entre agriculteurs et gendarmes

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L’Ariège conanit ce jeudi soir une confrontation d’une rare intensité entre plusieurs centaines d’agriculteurs et les forces de l’ordre, mobilisées pour procéder à l’abattage sanitaire de plus de 200 bovins après la détection d’un cas de dermatose nodulaire contagieuse. Blindés, barrages, gaz lacrymogène : la situation a dégénéré autour de la ferme des Bordes-sur-Arize, où éleveurs et soutiens entendent empêcher l’application du protocole officiel. Une crise qui révèle la profonde inquiétude du monde agricole.

La vallée des Bordes-sur-Arize s’est muée, jeudi, en théâtre d’un affrontement inédit entre agriculteurs et forces de l’ordre, sous le poids d’une décision sanitaire qui bouleverse tout un territoire. Depuis la découverte, mardi, d’un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans un élevage ariégeois, l’État a ordonné l’abattage complet des 207 blondes d’Aquitaine du troupeau concerné. Une mesure conforme aux règles en vigueur, mais jugée insupportable par les éleveurs et leurs soutiens, qui dénoncent une réponse disproportionnée face à une maladie certes grave pour les bovins, mais non transmissible à l’humain.

Au fil de la journée, les tensions sont montées d’un cran. Plusieurs centaines d’agriculteurs, venus de l’Ariège mais aussi des départements voisins, ont dressé des barrages de troncs, de tracteurs et de véhicules pour empêcher les vétérinaires et les gendarmes d’accéder à la ferme. Sur les routes d’accès, des bottes de foin en feu, des carcasses métalliques renversées et des alignements de machines agricoles témoignent de la détermination d’un monde paysan qui se dit à bout.

Dans l’après-midi, les gendarmes ont lancé une opération d’ampleur, appuyée par des blindés, pour tenter de disperser les manifestants. Les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des véhicules des forces de l’ordre forçant les barrages, sous les huées.

Des jets de pierre ont répondu aux tirs de grenades lacrymogènes, avant que la confrontation ne s’étende dans les champs alentour, dans une ambiance de fumée et de cris. Sur les réseaux sociaux, des témoignagess démontrent la violence des affrontements.

« Votre ennemi, ce n’est pas nous. Ils détruisent la France et vous les aidez à la détruire, vous êtes là pour protéger la France, pas ceux qui la détruisent » auraient crié un agriculteur, comme en témoigne des images du journaliste Clément Lanot.

Malgré la pression, environ 300 agriculteurs restaient encore regroupés au crépuscule, rassemblés autour d’un feu, décidés à tenir.

Au cœur de cette opposition se joue une divergence de fond sur la stratégie sanitaire. Le préfet de l’Ariège, Hervé Brabant, affirme que les deux frères propriétaires du troupeau lui ont donné leur accord pour l’abattage total, rappelant que cette méthode constitue, selon les experts de la direction générale de l’alimentation, la seule solution efficace pour préserver le cheptel français. Il en a appelé « à la raison » et au départ des manifestants, dénonçant un « noyau de personnes qui veulent en découdre ».

Mais du côté des agriculteurs mobilisés, le discours est tout autre. Jérôme Bayle, figure locale très suivie depuis les mobilisations agricoles de l’hiver dernier, assure que les éleveurs sont opposés à l’abattage massif et que seules les bêtes malades devraient être euthanasiées. La Coordination rurale, par la voix de son président Bertrand Venteau, appelle même à la « résistance », estimant que le protocole actuel sacrifie inutilement des animaux sains. Les syndicats agricoles locaux affirment avoir proposé un protocole alternatif incluant un abattage sélectif et une vaccination massive, solution jusqu’ici rejetée par le ministère de l’Agriculture.

La tension dépasse par ailleurs le seul périmètre de la ferme ariégeoise. Des péages ont été bloqués autour de Toulouse, notamment à Villefranche-de-Lauragais, tandis qu’en Lozère une quarantaine de tracteurs a obstrué un tronçon de l’autoroute A75 en soutien aux éleveurs des Bordes-sur-Arize. Une solidarité spontanée, nourrie par la crainte d’une extension de la maladie mais aussi d’un durcissement général des mesures sanitaires qui pourraient fragiliser toute une profession.

Face à l’escalade, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, est intervenu en vidéo, appelant au calme tout en reconnaissant « la peur qui gagne l’ensemble de l’élevage français ». Selon lui, l’expertise scientifique confirme que l’abattage total reste, à ce stade, la seule option crédible pour juguler la propagation de la DNC, apparue en France en juin et déjà détectée dans plusieurs départements. Une position difficile à faire entendre auprès de manifestants qui voient dans cette politique un basculement brutal, voire un symbole de l’impuissance publique à soutenir un secteur déjà éprouvé.

Au fil des heures, la crise sanitaire s’est donc muée en crise de confiance. Le ministère assure que la situation est « sous contrôle » et qu’une réflexion est engagée sur une future vaccination préventive du cheptel, tandis que des voix discordantes militent pour une stratégie d’adaptation immédiate. Sur le terrain, cependant, l’émotion domine la raison, pour reprendre les mots d’Arnaud Rousseau. Dans la nuit ariégeoise, la tension reste vive, et le sort des 200 bovins suspendu à un équilibre précaire entre impératif sanitaire et colère paysanne.

En attendant, les agriculteurs ont reçu le soutien de Patrick Sébastien qui semble compter plus que jamais peser sur la prochaine élection présidentielle, comme il l’avait annoncé ses dernières semaines.

Les agriculteurs ont également reçu le soutien de Florian Philippot qui dispose d’une référence de son parti les Patriotes sur place.

Dans un autre tweet, il dénonçait la résponsabilité de l’UE dans cette situation estimant que « sur le terrain, personne n’est obligé de suivre cette folie ! »

Sur X, Nicolas Dupont Aignan rappelait un peu plus tôt dans la journée que la cour des comptes du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Pierre Moscovici  avait préconisé en 2023 « la diminution de 25% du cheptel français.

Sources :
Le Figaro, Clement Lanot, X

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