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Photo : Gertrud Zach/U.S.Army

Défense allemande : Berlin dévoile un plan massif pour renforcer la Bundeswehr face à la menace russe

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L’Allemagne lance une réforme ambitieuse visant à augmenter rapidement les effectifs de la Bundeswehr. Sans rétablir la conscription, Berlin mise sur un système de sélection obligatoire, des incitations financières et un dispositif d’urgence afin de bâtir d’ici 2029 la première armée d’Europe.

L’Allemagne accélère sa transformation militaire. La coalition au pouvoir, réunissant sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens, a présenté une réforme de grande ampleur qui devrait permettre à la Bundeswehr de retrouver un format capable de répondre aux défis stratégiques de la fin de la décennie. Avec un objectif clair : se préparer à un possible choc avec la Russie, dont les services de renseignement allemands redoutent une action offensive à l’horizon 2029.

Au cœur du projet, Berlin choisit de maintenir le volontariat mais renforce fortement les mécanismes de sélection. Dès 2027, tous les hommes âgés de 18 ans devront remplir un questionnaire d’aptitude et passer un examen médical évaluant leur capacité à servir. Les femmes pourront se soumettre volontairement au même processus. Contrairement à une précédente tentative avortée à l’automne, il n’est pas question ici de restaurer la conscription ni d’imposer une loterie automatique pour combler les effectifs.

Un dispositif d’urgence est toutefois prévu : en cas de crise majeure ou d’insuffisance persistante de volontaires, le Bundestag pourra activer un mécanisme exceptionnel permettant de recruter le nombre nécessaire de soldats, la loterie n’intervenant qu’en ultime recours. Berlin cherche ainsi à éviter toute coercition directe tout en se dotant d’un outil de mobilisation rapide si les circonstances l’exigent.

Pour rendre l’engagement plus attractif, la coalition augmente sensiblement les rémunérations : un volontaire pourra toucher jusqu’à 2 600 euros brut mensuels. Des aides financières, notamment pour obtenir un permis de conduire voiture ou camion, viennent compléter les nouveaux avantages proposés. Objectif affiché : attirer suffisamment de recrues pour éviter d’avoir à activer des mesures contraignantes.

Cette montée en puissance doit permettre à la Bundeswehr de passer d’environ 182 000 soldats aujourd’hui à un effectif compris entre 255 000 et 270 000 militaires à l’horizon 2035. Une ambition soutenue par une hausse spectaculaire du budget de la défense, qui doit bondir de 86 à 153 milliards d’euros entre 2025 et 2029. Un réarmement massif destiné à constituer, selon Berlin, la force armée la plus puissante du continent.

Cette réforme intervient dans un climat d’inquiétude stratégique. Le chef d’état-major de la Bundeswehr, le général Carsten Breuer, alerte régulièrement sur les intentions du Kremlin : la Russie renforcerait « de manière considérable » ses capacités militaires, à la fois pour poursuivre sa guerre contre l’Ukraine et pour envisager une offensive contre les États baltes. « Nous devons être prêts d’ici 2029 », a rappelé le général, soulignant l’importance stratégique du corridor de Suwałki, étroit passage reliant la Pologne à la Lituanie et considéré par de nombreux experts comme un point de rupture potentiel en cas d’attaque russe.

Dans un entretien accordé ce dimanche 23 novembre à la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le général Christian Freuding, tout juste nommé à la tête de l’armée de terre en octobre, ne cache plus son inquiétude : « Chaque jour compte, et nous avons peu de temps. » À ses yeux, Vladimir Poutine n’attendra pas que l’Europe soit prête, et le scénario d’un conflit n’est plus théorique.Il a appellé Berlin à « se préparer maintenant ».

La réforme doit encore passer l’étape parlementaire. Le vote est attendu en décembre et pourrait aboutir avant la fin de l’année, grâce au soutien conjoint des députés sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens, qui ont chacun consenti des concessions pour faire avancer ce texte considéré comme crucial pour la sécurité du pays et de l’Europe.

Sources :

GEO,  Frankfurter Allgemeine Zeitung

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