La chaîne C8, qui a cessé d’émettre ce vendredi à minuit, a surpris en modifiant sa programmation de dernière minute. Alors qu’un programme spécial retraçant ses meilleurs moments était initialement prévu, la chaîne du groupe Bolloré a choisi de diffuser Unplanned, un film américain anti-avortement
La décision de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) de retirer C8 et NRJ12 de la TNT marquait la fin d’une époque pour le paysage audiovisuel français. Pour son dernier soir, C8 semblait vouloir laisser une empreinte forte.
Initialement, la chaîne devait proposer une rétrospective de ses moments marquants. Mais à 22h, la diffusion a été brutalement interrompue pour laisser place à Unplanned, un film sorti en 2019 qui relate l’histoire d’une ancienne employée du Planning Familial devenue militante anti-avortement. Ce long-métrage, produit par une société chrétienne évangélique, a connu un important succès aux États-Unis.
Un pied de nez à l’Arcom ?
Difficile de ne pas voir dans ce choix un pied de nez à l’égard des instances de régulation. D’autant plus que Unplanned avait déjà été diffusé sur C8 en 2021, entraînant une mise en garde du CSA (ancien nom de l’Arcom) et une vive réaction dans la classe politique. À l’époque, la ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, avait dénoncé un « délit d’entrave condamné dans notre pays ».
Les cadres et dirigeants de CNews ont été interrogés le 1er mars 2023 par une commission d’enquête de l’Assemblée nationale chargée de réévaluer l’attribution des fréquences de la TNT, menée par le député Renaissance, Quentin Bataillon, et son rapporteur, l’insoumis Aurélien Saintoul. Le secrétaire général de RSF et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Christophe Deloire, avait également obtenu de la part du Conseil d’Etat, qu’il enjoigne l’Arcom à mettre en demeure CNews « de se conformer à ses obligations en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information ». En plus des dérapages de Cyril Hanouna, il avait été reproché à la chaine la diffusion d’une infographie lors de l’émission religieuse « En quête d’esprit », sur l’avortement. Durant son audition, Thierry Breton a revendiqué sa foi catholique et exprimé ses convictions sur le sujet de l’avortement. Il l’a décrit comme « quelque chose de terrible » mettant en confrontation « la liberté des gens à disposer d’eux-mêmes » et celle « des enfants à vivre ». Il a partagé une expérience personnelle pour illustrer son point de vue, révélant qu’une femme avec qui il avait été en relation était tombée enceinte à un moment inopportun, et qu’elle avait avorté, un événement auquel il disait penser chaque jours.
Un appel à la liberté d’expression
Avant la diffusion du film, un avertissement a été affiché à l’écran :
« En France, toute femme a le droit de disposer de son corps comme elle l’entend. Ce droit est garanti par la loi et la Constitution. Ce récit qui n’engage que son auteur ne signifie pas remettre en question ce droit mais d’en mesurer toute son importance. »
Enfin, quelques instants avant la fermeture définitive de la chaîne, un message en lettres capitales s’est affiché à l’écran : « VIVE LA LIBERTÉ ! ». Un message qui n’a rien d’anodin, alors que la constitutionnalisation de l’IVG s’est retrouvé au coeur de l’agenda mondial ces derniers mois.