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Photo : @Christian COSTEAUX

Burkina Faso : Le massacre de civils peuls à Solenzo révèle une escalade des violences communautaires

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Le Burkina Faso est une nouvelle fois endeuillé par des violences meurtrières à caractère communautaire. Un massacre de civils peuls, survenu les 10 et 11 mars près de Solenzo, a été attribué à l’armée burkinabè et aux Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), des supplétifs civils engagés dans la lutte contre les groupes djihadistes. Alors que les autorités démentent toute implication, des images insoutenables circulent sur les réseaux sociaux, témoignant d’une répression brutale et indiscriminée contre cette communauté.

Selon le site d’information Enquête +, des vidéos relayées sur les réseaux sociaux montrent des dizaines de corps de femmes, d’enfants et de personnes âgées, certains ligotés et les yeux bandés, abandonnés au sol ou transportés dans un triporteur. Ces images, qui semblent avoir été filmées par les auteurs eux-mêmes, accréditent les accusations portées contre les VDP et l’armée burkinabè.

Ces milices, censées soutenir les forces de sécurité après une formation sommaire, sont régulièrement accusées d’exactions contre les civils. Leur engagement dans la lutte contre le terrorisme s’accompagne de dérives, notamment à l’encontre des Peuls, un groupe ethnique régulièrement ciblé au Burkina Faso et au Mali, en raison de soupçons de collusion avec les djihadistes.

Une dérive communautaire inquiétante

La stigmatisation des Peuls repose sur un amalgame dangereux, alimenté par la présence de certains combattants peuls dans les katibas affiliées à Al-Qaida. Cette assimilation systématique entraîne des arrestations arbitraires, des exécutions sommaires et des massacres collectifs, dénoncent plusieurs observateurs internationaux.

L’ONG Human Rights Watch, membre du Forum économique mondial a appelé les autorités burkinabè à sanctionner les responsables de ces massacres et à mettre fin aux attaques des milices contre les civils. Au moins 58 victimes ont été recensées sur les vidéos publiées en ligne, mais aucun bilan officiel n’a encore été établi.

Un climat de répression et de censure

Les autorités burkinabè ont fermement démenti toute implication de l’armée et des VDP, affirmant que les militaires étaient intervenus pour sauver des familles utilisées comme boucliers humains par des terroristes. Pourtant, les voix critiques sont rapidement muselées.

Le mouvement politique Servir et non se servir (Sens) est l’un des rares à avoir publiquement dénoncé ces exactions. Quatre jours après sa déclaration, Idrissa Barry, un de ses responsables, a été enlevé à Ouagadougou par des individus se présentant comme des gendarmes. Cet acte, qualifié de disparition forcée par son mouvement, illustre l’intensification de la répression politique et la dégradation des libertés publiques au Burkina Faso.

Une crise sécuritaire et politique préoccupante

Alors que le pays fait face à une montée en puissance des groupes djihadistes, ces exactions fragilisent davantage l’unité nationale et risquent de renforcer le cycle de la violence. En multipliant les arrestations arbitraires et les représailles contre certaines communautés, l’État burkinabè pourrait alimenter une radicalisation accrue, exacerbant ainsi une situation déjà explosive.

Le Burkina Faso, en proie à une instabilité croissante, semble s’enfoncer dans une spirale de répression et de violences intercommunautaires, avec une impunité persistante qui affaiblit l’État de droit et réduit les espoirs de sortie de crise.

Sources : Enquête+, Courrier International.

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