Lancée par le président Ibrahim Traoré à la fin de l’année 2024, l’initiative Faso Mêbo vise à désenclaver le Burkina Faso, moderniser les villes et renforcer la souveraineté nationale en construisant des infrastructures avec des ressources locales.
Portée par le capitaine Ibrahim Traoré, l’initiative présidentielle baptisée Faso Mêbo – littéralement « Le Faso se construit » – incarne une ambition rare sur le continent : reconstruire le pays avec ses propres forces, ses propres moyens et sa propre population, sans attendre de financements extérieurs ou de multinationales.
Cette initiative naît d’un constat partagé depuis des années : le pays reste largement enclavé, avec à peine 4 000 kilomètres de routes bitumées sur plus de 15 000 kilomètres, et une grande partie de ces infrastructures est en mauvais état. De nombreuses localités rurales restent difficilement accessibles, surtout pendant la saison des pluies. Les grandes villes, quant à elles, souffrent d’un manque de planification urbaine, de voies dégradées, d’un réseau d’éclairage public limité et d’une insalubrité visible dans plusieurs quartiers périphériques. C’est à cette réalité que Faso Mêbo entend répondre, en conjuguant désenclavement, amélioration du cadre de vie urbain, construction de logements sociaux et développement d’un réseau routier national dense et fonctionnel.
Mais au-delà des objectifs techniques, ce programme est avant tout un projet politique et citoyen, qui repose sur un principe fort : la souveraineté par l’action collective. Pas de grands appels d’offres confiés à des entreprises étrangères, ni de dettes contractées auprès d’institutions financières internationales. L’État burkinabè mise sur ses propres ressources budgétaires, sur l’expertise nationale, et surtout sur la mobilisation populaire. C’est ainsi que des brigades de jeunes volontaires, formés à la fois aux techniques de chantier et militaire, ont été constituées pour mener les travaux. Dotées de 900 engins flambant neufs, achetés par l’État, ces équipes interviennent sur le terrain avec des moyens concrets et une volonté affirmée de changer le quotidien.
À Ouagadougou, les premiers résultats sont visibles. Des rues autrefois poussiéreuses ou impraticables sont désormais pavées. Les trottoirs sont redessinés, les terre-pleins centraux revêtus de pavés, des caniveaux sont creusés pour l’évacuation des eaux, et des lampadaires sont installés pour éclairer la nuit. L’ambiance dans certains quartiers s’est transformée. Ce qui frappe surtout, c’est la participation active des habitants. Des citoyens offrent du ciment, de l’eau, des outils. Nana Tin-Kuilga, un vieil homme devenu symbole de patriotisme, avait ému le pays en apportant, à vélo, un sac de ciment pour soutenir Faso Mêbo.L’entreprise CIMFASO lui a rendu hommage en lui construisant une maison en ciment. Preuve de l’importance de cette initiative pour le gouvernement, certains de ses membres du gouvernement n’hésitent pas à se rendre encourager les travailleurs, voire à prendre la pose en posant des pavés, afin de symboliser un État au travail, côte à côte avec son peuple.
Dans les villes de l’intérieur, comme Bobo-Dioulasso ou Koudougou, la même dynamique est à l’œuvre. Des rues sont aménagées, des lotissements organisés, des logements sociaux commencent à sortir de terre. Parmi eux, 1 000 maisons sont en cours de construction pour reloger des familles déplacées internes, victimes des violences ou du dérèglement climatique. Ce volet humanitaire de Faso Mêbo vient compléter l’ambition infrastructurelle. Il s’agit non seulement de bâtir, mais aussi de redonner dignité et sécurité à celles et ceux qui ont tout perdu.
Ce programme transforme aussi l’économie locale. Des dizaines de petits producteurs de briques, de gravier ou de latérite voient leur activité relancée. Des jeunes trouvent un emploi temporaire sur les chantiers. Le commerce local est stimulé. La baisse des coûts de transport sur les premiers axes désenclavés se répercute déjà sur les prix de certains produits alimentaires, et améliore la circulation des marchandises comme des personnes.
Mais plus encore que ses effets physiques ou économiques, Faso Mêbo agit sur l’imaginaire collectif. Il réhabilite l’idée que l’on peut changer les choses sans attendre, sans mendier, sans dépendre de l’étranger. Il incarne une forme de résilience populaire, où chaque citoyen peut apporter sa pierre, littéralement, à la construction nationale.
Dans les années à venir, le gouvernement vise la réalisation de plusieurs milliers de kilomètres de routes, l’extension du pavage urbain à toutes les grandes villes du pays, la livraison de milliers de logements sociaux supplémentaires et l’entretien durable des ouvrages. Si le rythme est maintenu, le Burkina Faso pourrait, en quelques années, tripler son réseau routier fonctionnel et améliorer durablement les conditions de vie de ses habitants.
Faso Mêbo n’est pas sans défis : la pérennité du financement, la gestion logistique des chantiers à grande échelle, la transparence dans l’attribution des ressources, ou encore l’articulation avec le secteur privé local devront être surveillées de près. Mais son audace, son enracinement populaire et sa dimension souveraine en font un cas d’école observé au-delà des frontières.
Sources : Direction de la Communication de la Présidence du Faso, Agence d’Information du Burkina (AIB) ; Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB) ; Sidwaya (quotidien d’État) ; Burkina 24 ; Le Pays (journal privé burkinabè).