Dans une interview accordée au Journal du Dimanche publiée aujourd’hui, Michel Barnier, Premier ministre, aborde plusieurs sujets clés de la politique française. Il a livré son point de vue sur des thèmes allant du budget à l’immigration, en passant par l’aide médicale d’État (AME) et les relations internationales. Voici les points essentiels à retenir de cette interview.
Sur le plan économique, Michel Barnier insiste sur l’importance de la stabilité pour encourager la croissance et l’investissement en France. Il met en avant un taux de croissance de 1,1 % et une inflation en baisse comme des indicateurs positifs, mais met en garde contre la tentation de multiplier les taxes lors de l’examen du budget 2025 au Parlement. Il critique certains amendements qui, selon lui, ont alourdi le texte budgétaire avec des propositions fiscales non coordonnées.
Barnier souligne l’importance d’éviter un « concours Lépine fiscal », terme qu’il utilise pour dénoncer l’excès d’amendements créant de nouvelles taxes, et appelle à préserver la compétitivité économique. Il laisse toutefois la porte ouverte à un recours à l’article 49.3 pour faire adopter le budget sans vote si nécessaire.
Immigration : Vers une coopération renforcée avec certains pays
Concernant la question des obligations de quitter le territoire français (OQTF), Michel Barnier prône un dialogue renforcé avec les pays d’origine, notamment l’Algérie et le Maroc, pour organiser le retour des étrangers en situation irrégulière. Il met en avant une approche non conflictuelle, mais prévient que tous les leviers, y compris la délivrance des visas et l’aide au développement, seront examinés pour faire avancer les discussions.
Aide Médicale d’État (AME) : Vers une maîtrise des dépenses
Sur le sujet de l’AME, Michel Barnier souhaite une meilleure maîtrise des dépenses pour éviter tout détournement de cet outil, destiné à offrir des soins aux étrangers en situation irrégulière. Alors que le gouvernement avait initialement prévu une augmentation des crédits pour l’AME dans le budget 2025, il a finalement opté pour un gel des dépenses, soulignant la nécessité de contrôler cette aide. En 2023, l’AME bénéficiait à environ 466 000 personnes, représentant 0,5 % des dépenses de santé.
Fin de vie et Nouvelle-Calédonie : Consultation et réformes à venir
Michel Barnier aborde également la loi sur la fin de vie, un sujet délicat sur lequel il souhaite consulter tous les acteurs concernés avant de relancer le processus législatif. Il envisage de s’appuyer sur les travaux précédemment réalisés par l’Assemblée nationale pour préciser le calendrier et les modalités d’application de cette loi.
Concernant la situation en Nouvelle-Calédonie, en crise depuis plusieurs mois, Barnier appelle à une nouvelle étape de dialogue et annonce que des responsables politiques, dont Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, s’y rendront prochainement pour discuter avec les parties concernées. Le Premier ministre prévoit lui aussi de se rendre sur place pour contribuer à l’élaboration d’un plan de reconstruction économique et sociale.
Pacte Asile et Immigration : Une mise en œuvre accélérée
Michel Barnier exprime sa volonté d’accélérer la mise en place du pacte Asile et Immigration, adopté au niveau européen, en le transposant dans la législation française. Il souhaite renforcer les contrôles aux frontières extérieures de l’Union européenne et améliorer le traitement des demandes d’asile. Il souligne l’importance de la coopération avec l’Italie sur cette question, après une rencontre avec des ministres italiens à la frontière franco-italienne. Barnier prévoit de se rendre à Rome en novembre pour rencontrer la Première ministre italienne Giorgia Meloni.