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Sénat. Photo : @Jacques Paquier

Budget de la Défense : le Sénat valide une hausse historique des crédits et réclame une révision de la loi de programmation militaire

Dans un contexte de rigueur budgétaire généralisée, le Sénat a adopté hier les crédits de la mission Défense pour 2026, marqués par une augmentation de 6,7 milliards d’euros. Si le vote n’a guère surpris, il s’est accompagné de critiques appuyées sur le manque de lisibilité budgétaire et d’un appel pressant à l’actualisation de la loi de programmation militaire.

L’examen de la mission Défense du projet de loi de finances a fait figure d’exception dans un paysage budgétaire contraint. Jeudi matin, les sénateurs ont approuvé des crédits en nette progression, portant le budget des armées à 57,1 milliards d’euros en 2026. Cette hausse résulte de l’application de la loi de programmation militaire 2024-2030, qui prévoyait déjà 3,2 milliards supplémentaires, auxquels s’ajoute une enveloppe exceptionnelle de 3,5 milliards décidée par le gouvernement.

Si le vote n’a pas donné lieu à de suspense, le débat a été marqué par de vives réserves sur la gestion et la lisibilité des finances militaires. Rapporteur spécial de la commission des finances, Dominique de Legge (LR) a dénoncé une « opacité budgétaire » persistante, pointant un écart entre les ambitions affichées et les moyens réellement disponibles. Il a notamment rappelé que les reports de charges atteignaient 8 milliards d’euros à la fin de l’année 2024, hors dépenses de personnel, une situation qu’il juge incompatible avec une programmation sincère.

La question du service militaire volontaire, annoncé par le président de la République, a cristallisé une partie des critiques. Longtemps restée sans traduction précise, cette mesure a finalement été chiffrée par la ministre des Armées et des Anciens combattants, Catherine Vautrin. Elle a confirmé une dotation de 100 millions d’euros en 2026, répartie entre soldes, équipements et infrastructures, pour un total de 2,3 milliards d’euros sur la période 2026-2030.

Au-delà de ces ajustements, la majorité sénatoriale a plaidé pour une réactualisation rapide de la loi de programmation militaire. Le président de la commission des affaires étrangères et de la défense, Cédric Perrin (LR), a insisté sur la nécessité d’adapter le cadre budgétaire aux nouveaux équilibres stratégiques, notamment à l’objectif fixé par l’OTAN de consacrer 3,5 % du PIB aux dépenses militaires d’ici 2035. Un effort qu’il a replacé dans une perspective historique, rappelant que la France consacrait entre 3,5 % et 6 % de son PIB à la défense durant la guerre froide.

Les enjeux opérationnels ont également occupé une place centrale dans les échanges. Alors que le chef d’état-major des armées, Fabien Mandon, a récemment alerté sur la possibilité d’un choc stratégique avec la Russie dans les prochaines années, les crédits du programme dédié à la préparation opérationnelle et à l’entretien des matériels progressent de 11 %. Les dépenses de soutien augmentent également, tandis que 159 millions d’euros supplémentaires sont consacrés à l’amélioration des conditions de vie et de travail des militaires, un levier jugé essentiel pour la fidélisation des effectifs.

À gauche, le vote des crédits s’est accompagné de réserves. Le sénateur socialiste Rachid Temal a soutenu le budget tout en appelant à une information plus complète du Parlement, estimant que l’augmentation des moyens devait aller de pair avec une transparence accrue sur l’état réel des forces. Les écologistes, par la voix de Guillaume Gontard, ont partagé le diagnostic sécuritaire sans accepter que l’effort militaire se fasse au détriment d’autres politiques publiques, notamment celles liées à la transition énergétique.

Les communistes, eux, ont rejeté l’orientation générale du budget. La sénatrice Michelle Gréaume a dénoncé un « surarmement » qu’elle juge incompatible avec les restrictions imposées à l’éducation, à la santé ou aux collectivités locales, fustigeant ce qu’elle qualifie d’« obsession guerrière » de l’exécutif.

En réponse aux critiques et à un amendement centriste visant à réduire les crédits de 1,7 milliard d’euros, la ministre a rappelé les efforts déjà consentis par le ministère des Armées lors des précédentes décennies, marquées par des fermetures de régiments et la suppression de dizaines de milliers de postes. Un argument destiné à justifier la trajectoire actuelle, présentée par le gouvernement comme indispensable face à la dégradation durable de l’environnement stratégique européen.

Sources :

Public Sénat.

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