Accusé d’avoir tenté de renverser l’ordre démocratique à l’issue de l’élection présidentielle de 2022, l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro risque jusqu’à 40 ans de prison. Alors que le parquet demande sa condamnation, l’intéressé crie à la persécution politique. L’affaire a déclenché une crise diplomatique avec les États-Unis.
La scène politique brésilienne est de nouveau secouée par une onde de choc judiciaire. Ce mardi 15 juillet, le parquet fédéral a requis la condamnation de Jair Bolsonaro pour tentative de coup d’État, organisation criminelle et atteinte à l’État démocratique. L’ancien président, à la tête du Brésil entre 2019 et 2022, est accusé d’avoir orchestré un plan pour rester au pouvoir malgré sa défaite face à Luiz Inacio Lula da Silva en octobre 2022.
Dans un communiqué relayé par l’AFP, les procureurs affirment que Bolsonaro, épaulé par plusieurs proches collaborateurs, aurait cherché à maintenir son pouvoir par des moyens « violents » et « autoritaires », en tentant de saper les fondements de la démocratie brésilienne. Le projet aurait échoué faute de soutien décisif de la part des forces armées.
L’ancien chef de l’État, qui encourt jusqu’à quarante ans d’emprisonnement, a immédiatement rejeté les accusations, dénonçant une « persécution politique » orchestrée pour l’écarter définitivement de la scène. « Ils veulent m’éliminer », a-t-il lancé au média Poder360, assurant n’avoir envisagé qu’un « dispositif constitutionnel » pour contester l’investiture de Lula. Il est déjà frappé d’inéligibilité jusqu’en 2030 pour avoir diffusé de fausses informations sur le système électoral brésilien.
Selon l’acte d’accusation, Bolsonaro aurait non seulement instrumentalisé les institutions de l’État mais également fomenté une opération destinée à empêcher la transition démocratique. Le parquet évoque des atteintes aux biens publics, des tentatives d’intimidation institutionnelle, et une volonté manifeste d’abolir l’ordre constitutionnel.
L’affaire prend une dimension internationale. Donald Trump, allié politique de Bolsonaro, s’est fendu de critiques virulentes à l’encontre de la justice brésilienne, parlant de « chasse aux sorcières ». Le président américain a en parallèle annoncé l’imposition de droits de douane de 50 % sur les produits brésiliens dès le 1er août, et lancé une enquête pour pratiques commerciales « déloyales ».
La réponse de Lula n’a pas tardé. Tout en condamnant « l’ingérence » de Trump, le président brésilien a évoqué la possibilité de mesures de réciprocité en cas de sanctions commerciales américaines. Il a également exprimé sa volonté de négocier pour éviter une escalade économique.
Le procès de Jair Bolsonaro, sous les yeux d’un monde attentif, cristallise les fractures profondes du Brésil post-Bolsonaro. La décision finale repose désormais entre les mains du juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, qui avait été accusé par Elon Musk d’être un faux juge et avait même ouvert une page sur X dénonçant les dérives de ce juge. Le milliardaire avait dénoncé un acharnement judiciaire contre l’ancien président brésilien, ce qui avait provoqué un bras de fer contre le juge de Moraes après la suspension de X.
Sources : Huff Post, AFP, Poder360, Cour suprême du Brésil