Invité de l’émission dominicale BFM Politique, Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a livré aujourd’hui une analyse approfondie des multiples crises que traverse la France, mêlant désastres naturels, enjeux sociaux et crise politique. Alors que Mayotte pleure ses victimes après le passage dévastateur du cyclone Shido, l’élu socialiste a également abordé des questions brûlantes comme le budget de l’État, la réforme des retraites et la politique migratoire.
Mayotte : l’urgence de la solidarité nationale
Le cyclone Shido, le plus violent qu’ait connu Mayotte depuis des décennies, a mis en lumière les failles structurelles du département le plus pauvre de France. Avec un bilan provisoire de 14 morts et plus de 250 blessés, Boris Vallaud a appelé à une mobilisation immédiate : « Des moyens de sécurité civile, des équipes de sapeurs-pompiers de La Réunion et des hôpitaux de campagne doivent être envoyés sans délai. »
Pour Vallaud, cette tragédie illustre également le manque d’investissements dans les infrastructures de Mayotte, reflet d’une inégalité persistante entre les territoires de la République.
Un budget jugé injuste et inefficace
Au-delà de cette urgence humanitaire, Boris Vallaud a vivement critiqué la politique budgétaire du gouvernement, dénonçant un budget « injuste », qui, selon lui, fait peser les efforts sur les plus vulnérables tout en épargnant les plus fortunés. Il a mis en garde contre un affaiblissement des services publics : « L’hôpital public, les EHPAD, les collectivités locales, tous voient leurs moyens diminuer, alors que les besoins augmentent. »
Il a également souligné l’impact de ce budget sur la croissance et l’emploi, citant des projections inquiétantes : « L’Office français des conjonctures économiques prévoit la destruction de 130 000 emplois. »
La réforme des retraites au cœur des critiques
Sur la réforme des retraites, Boris Vallaud a plaidé pour une abrogation de la réforme de 2023, qualifiant la mesure d’âge à 64 ans d’« injustice sociale ». Il a insisté sur la nécessité de trouver des solutions alternatives pour financer le système de retraites, comme une CSG progressive ou des surcotisations pour les revenus les plus élevés. Pour lui, « cette réforme frappe d’abord les plus précaires, ceux qui ont des carrières pénibles et les femmes aux carrières hachées. »
Un appel à une nouvelle méthode politique
Dans un contexte de tensions politiques exacerbées, Boris Vallaud a appelé à un « rebond démocratique » et à un changement de méthode. Il a exhorté François Bayrou, récemment nommé pour diriger les consultations politiques, à s’éloigner du macronisme pour embrasser une politique de compromis. Toutefois, il a fixé des lignes rouges, notamment l’abandon du projet de loi sur l’immigration porté par Bruno Retailleau et des avancées significatives sur les retraites et la justice fiscale.
Vers une instabilité prolongée ?
Boris Vallaud a également exprimé ses doutes quant à la capacité du président de la République et de son entourage à tirer les leçons des récents revers politiques. « Emmanuel Macron persiste dans une stratégie de blocage, refusant d’entendre les demandes de rupture avec le macronisme exprimées par les Français », a-t-il déclaré. Selon lui, l’absence de compromis risque d’approfondir la crise politique et institutionnelle que traverse le pays.
Alors que la France fait face à des défis majeurs, Boris Vallaud plaide pour une politique centrée sur la justice sociale et le respect des institutions démocratiques. Que ce soit sur les retraites, la gestion des services publics ou la réponse aux catastrophes naturelles comme à Mayotte, il appelle à une rupture nette avec les politiques actuelles.