You are currently viewing Blanche Gardin : sa traversée du désert après la polémique sur Gaza et l’antisémitisme
Blanche Gardin en 2014. Image : Capture d'écran France 3 Corse.

Blanche Gardin : sa traversée du désert après la polémique sur Gaza et l’antisémitisme

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:CULTURE
  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Depuis l’été 2024, Blanche Gardin traverse une période de mise à l’écart professionnelle qu’elle relie directement à un sketch controversé sur Gaza et les accusations d’antisémitisme. Entre raréfaction des propositions, conséquences matérielles et violences subies, l’humoriste décrit une situation personnelle et artistique profondément bouleversée.

La séquence n’a duré que quelques minutes, mais ses effets se font encore sentir plus d’un an plus tard. Le 1er juillet 2024, sur la scène de La Cigale, lors d’une soirée de soutien au cessez-le-feu à Gaza, Blanche Gardin monte sur scène aux côtés d’Aymeric Lompret. Ensemble, ils proposent un sketch ironisant sur les accusations d’antisémitisme visant les soutiens de la cause palestinienne. Applaudie dans la salle, la séquence prend une tout autre dimension une fois extraite de son contexte et largement diffusée sur les réseaux sociaux.

Si l’intention affichée était de désamorcer, par l’humour, ce que l’humoriste percevait comme des amalgames abusifs, le résultat a été interprété par certains comme une minimisation de l’antisémitisme. Une lecture que Blanche Gardin conteste fermement, affirmant son « dégoût » pour toute forme de haine antisémite. Mais la controverse s’installe et, avec elle, une série de conséquences qu’elle qualifie aujourd’hui de dévastatrices.

Depuis juillet 2024, l’humoriste assure ne plus recevoir de propositions de films ou de projets artistiques. « Les propositions ne sont pas revenues. À force de plus avoir de revenus, il y a des conséquences », confiait-elle récemment au site Arrêt sur images, évoquant notamment son obligation de quitter son appartement. Une situation d’autant plus brutale que Blanche Gardin figurait jusque-là parmi les artistes les plus en vue de la scène humoristique française.

À l’écran, elle continue pourtant d’apparaître. Depuis novembre, elle tient le rôle principal du film L’Incroyable Femme des neiges, dont le tournage est antérieur à la polémique. Elle doit également être à l’affiche, en mars 2026, de la comédie Alter ego, réalisée par Nicolas Charlet et Bruno Lavaine, également tournée avant l’été 2024. « Mais depuis, plus rien », résumait-elle dans les colonnes du Monde, soulignant le gel brutal de sa carrière cinématographique.

Au-delà de l’impact professionnel, Blanche Gardin décrit un climat de violence et d’intimidation. Menaces de viol et de mort, campagnes d’appels téléphoniques, tags sur sa porte, agression de son frère : l’humoriste affirme avoir été confrontée à une spirale de pressions qui dépasse largement le cadre du débat artistique. Sans se poser en victime, dit-elle, mais pour établir un constat.

Connue pour son humour noir, abrasif et introspectif, Blanche Gardin s’est imposée au fil des années comme une figure singulière du stand-up français, révélée notamment par le Jamel Comedy Club et consacrée par le Molière de l’humour en 2018 pour Je parle toute seule. Au cinéma, elle a tourné sous la direction de réalisateurs comme Quentin Dupieux, Michel Gondry ou Éric Judor, incarnant des personnages souvent à contre-courant.

La polémique a également donné lieu à des échanges publics avec Delphine Horvilleur, femme rabbin appartenant à l’organisation juive libérale Judaïsme en mouvement, issue du Mouvement juif libéral de France et de l’Union libérale israélite de France. En mars dernier, la rabbin avait critiqué le sketch, estimant que la question centrale n’était pas de savoir qui est antisémite, mais d’interroger les discours et silences qui nourrissent cette haine. Une analyse à laquelle Blanche Gardin oppose une réflexion plus large sur la liberté d’expression citoyenne, notamment lorsque des gouvernements soutiennent, selon elle, des politiques conduisant à des massacres de civils.

Aujourd’hui, l’humoriste décrit une forme de traversée du désert, à la fois artistique et personnelle. Une mise à l’écart silencieuse, sans condamnation officielle, mais aux effets bien réels, qui interroge sur la place laissée au débat politique et à la satire dans l’espace culturel français contemporain.

Sources :

Le Figaro, Le Monde, Arrêt sur images.

Laisser un commentaire