À l’issue d’un scrutin électronique décisif, Les Républicains s’apprêtent à désigner leur nouveau président. Pendant des semaines, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez se sont affrontés dans une campagne feutrée, marquée moins par les clivages idéologiques que par deux manières d’incarner une droite capable de se relancer.
Le duel pour la présidence du parti LR s’est déroulé dans un climat étonnamment apaisé, loin des joutes fratricides qui ont parfois marqué l’histoire de la droite. D’un côté, Bruno Retailleau, sénateur de la Vendée, figure solide du conservatisme assumé. De l’autre, Laurent Wauquiez, ancien ministre, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, stratège discret revenu progressivement sur le devant de la scène. Si le premier a affiché une combativité plus tranchée, voire offensive, le second a opté pour une campagne contenue, adossée davantage à son statut de favori et à une maîtrise tactique du temps long.
Deux styles, une même ambition : refonder un parti affaibli
Bien que leurs postures diffèrent, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez partagent un diagnostic commun : Les Républicains ne peuvent survivre qu’en redevenant une force politique claire, cohérente, et structurée autour d’un socle idéologique stable. Mais leurs regards sur la manière d’y parvenir s’opposent.
Un duel sans éclats, mais lourd de sous-entendus
La campagne, entamée discrètement dès le début de l’année, n’a pas donné lieu à de grandes confrontations publiques. Ni meetings massifs, ni invectives : les échanges sont restés mesurés, presque protocolaires. Cette retenue traduit à la fois la volonté des deux hommes de préserver l’unité de LR et la conscience des fragilités d’un parti qui, depuis la débâcle de la présidentielle de 2022, peine à retrouver souffle.
Dans les cercles internes, les lignes de fracture n’ont pourtant pas disparu. Certains voient en Wauquiez le seul capable de rassembler la droite pluraliste, d’autres estiment que seule une ligne plus franche, incarnée par Retailleau, permettrait à LR d’exister face aux extrêmes. Dans les deux cas, les militants auront tranché à l’occasion du scrutin électronique organisé ce dimanche.
Un enjeu stratégique au-delà de LR
Au-delà de la présidence du parti, cette élection engage l’avenir de la droite française dans son ensemble. Le vainqueur héritera d’un appareil en reconstruction, des finances incertaines, d’un groupe parlementaire divisé, et d’un électorat en déroute. Mais il héritera aussi d’un espace politique en mutation, que ce soit vis-à-vis d’un centre affaibli ou d’un Rassemblement national en progression constante.
Depuis la perte de l’Élysée en 2017, LR est confronté à un double défi : se différencier clairement du macronisme sans tomber dans la surenchère droitière, et reconstruire une offre politique lisible. Le nouveau président aura, dans ce contexte, à jouer un rôle déterminant : non seulement pour repositionner LR sur l’échiquier, mais aussi pour incarner – peut-être – une future alternative présidentielle.
Le choix final viendra clore un épisode où, stratégiquement, chacun a préféré épargner l’autre. Mais il ouvrira aussitôt une autre séquence, plus exposée, plus conflictuelle aussi, à mesure que 2027 se rapprochera. Un apaisement apparent qui pourrait cacher une recomposition politique plus profonde.
Source : Le Monde.