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Emmanuel Macron. Image : Capture d'écran compte X de l'Elysée.

Porte-avions nucléaire : vu de l’étranger, la France relance sa puissance militaire sans regarder à la dépense

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Depuis une base militaire française aux Émirats arabes unis, le président Français et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron  a officialisé le lancement du futur porte-avions nucléaire destiné à succéder au Charles-de-Gaulle. Saluée comme un marqueur de puissance, cette décision suscite toutefois de vives interrogations dans la presse étrangère sur son coût, sa pertinence stratégique et son opportunité budgétaire.

C’est depuis une base militaire française située près d’Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, que Emmanuel Macron a donné, dimanche 21 décembre, le coup d’envoi officiel du chantier du futur porte-avions nucléaire français. Ce bâtiment de nouvelle génération, connu sous le nom de Pang, est appelé à remplacer le Charles-de-Gaulle à l’horizon 2038. Une annonce hautement symbolique, largement commentée par la presse internationale.

Le quotidien espagnol La Vanguardia ironise ainsi sur une France fidèle à son histoire stratégique, estimant que « la grandeur de la France ne regarde pas à la dépense », parlant même de « grandeur » en français dans le texte. Une formule qui résume l’esprit de cette décision, alors même que le coût du programme pourrait dépasser les 10 milliards d’euros.

Cette ambition militaire intervient dans un contexte économique et politique jugé fragile par de nombreux observateurs étrangers. Bloomberg rappelle que la France traverse une période d’incertitude budgétaire, marquée par le report des discussions sur la loi de finances à janvier 2026, tandis que La Vanguardia souligne une dette publique croissante, source d’inquiétudes pour Bruxelles, la Banque centrale européenne et les agences de notation.

Pour autant, le choix présidentiel apparaît assumé. Le quotidien britannique The Times estime que la confirmation de ce programme vise avant tout à renforcer la puissance militaire française et à soutenir une ligne stratégique défendue de longue date par Paris : celle d’une autonomie européenne en matière de défense, destinée à réduire la dépendance du continent à l’égard des États-Unis.

D’un point de vue technique, le futur porte-avions impressionne. Long de 310 mètres pour un déplacement de 80 000 tonnes, il deviendra le plus grand bâtiment de guerre jamais construit en Europe. The Times précise qu’il sera, hors flotte américaine, le seul porte-avions nucléaire équipé de catapultes, capable d’embarquer jusqu’à 2 000 marins et environ 30 avions de combat, notamment des versions navales du Rafale produits par Dassault Aviation.

Dans les colonnes du Daily Telegraph, Emmanuel Macron justifie cet investissement par un contexte international de plus en plus brutal. Le quotidien rappelle que la France a déjà accru son effort de défense, avec plusieurs milliards d’euros supplémentaires et le rétablissement d’une forme de service militaire volontaire.

La presse allemande, à l’image de l’hebdomadaire Focus, voit un atout non seulement pour la France, mais aussi pour l’Europe. Le futur navire est présenté comme un pilier de la dissuasion nucléaire française et un instrument clé de l’autonomie stratégique européenne, dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine et le refroidissement durable des relations transatlantiques.

Mais cet enthousiasme est loin d’être unanime. En Italie, Il Post met en doute la cohérence d’un tel choix à long terme, rappelant que les porte-avions sont des cibles particulièrement vulnérables, nécessitant une protection permanente par des systèmes antimissiles sophistiqués et un groupe naval complet. « Un missile de quelques millions d’euros peut compromettre un bâtiment qui en vaut plusieurs milliards », résume le quotidien.

Même scepticisme en Suisse. Blick s’interroge sur la sagesse d’un investissement aussi massif à l’heure où la guerre du futur pourrait profondément transformer les équilibres stratégiques avant même la mise en service du navire. Son correspondant Richard Werly va plus loin, évoquant une possible « arrogance navale présidentielle » et plaidant pour une stratégie alternative, fondée sur des frégates furtives multimissions, jugées plus mobiles et mieux adaptées à l’ère des drones et des missiles à longue portée.

Entre affirmation de puissance, ambition européenne et doutes stratégiques, le futur porte-avions français cristallise ainsi, vu de l’étranger, les contradictions d’une France déterminée à rester une grande puissance militaire, quitte à en assumer le coût politique, économique et symbolique.

Sources :

Courrier international – 24 décembre 2025 – lien

La Vanguardia – décembre 2025

The Times – décembre 2025

The Daily Telegraph – décembre 2025

Il Post – décembre 2025

Blick – décembre 2025

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