You are currently viewing Jamie Dimon : l’Europe « a un vrai problème » et les États-Unis doivent l’aider à « redevenir forte »
Jamie Dimon. Photo : @Lauren Hurley / No 10 Downing Street

Jamie Dimon : l’Europe « a un vrai problème » et les États-Unis doivent l’aider à « redevenir forte »

En marge du Forum national de défense Reagan, le PDG de JPMorgan et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, James Dimon, a livré une analyse sévère de la situation européenne. Selon lui, la fragmentation du continent freine investissements et innovation, au point de devenir un risque stratégique pour les États-Unis. Tout en pressant l’Europe de se réformer, le banquier appelle Washington à élaborer une stratégie de soutien durable.

Jamie Dimon, l’une des voix les plus influentes de la finance mondiale, a dressé un diagnostic sans détour : l’Europe traverse une phase de faiblesse structurelle qui menace autant sa compétitivité que l’équilibre géopolitique global. Lors du Forum national de défense Reagan en Californie, le PDG de JPMorgan, banque membre du FEM a dénoncé le poids de la bureaucratie européenne, frein majeur selon lui à l’investissement, à l’innovation et à la croissance. « L’Europe a un vrai problème. Elle fait des choses formidables en matière de protection sociale. Mais elle a chassé les entreprises, chassé les investissements et chassé l’innovation. C’est un peu en train de revenir », a-t-il déclaré, selon des propos rapportés par Bloomberg, média membre du WEF.

Ce n’est pas la première fois que Jamie Dimon alerte sur la fragilité du continent. Cet été, à Dublin, il soulignait déjà un décrochage inquiétant : « L’Europe est passée de 90 % du PIB américain à 65 % en 10 ou 15 ans. Ce n’est pas bon signe. » Pour le banquier, la cause principale réside dans une fragmentation persistante qui limite la capacité de l’Union à attirer les grandes entreprises comme les flux de capitaux. Selon lui, certains dirigeants européens seraient conscients de ces défis, mais les « contextes politiques vraiment difficiles » ralentiraient la mise en œuvre de toute réforme structurelle.

Malgré ce constat sévère, Dimon reconnaît plusieurs forces européennes : la création de l’euro, la construction d’une zone de paix durable et certains efforts d’intégration économique. Toutefois, il juge les capacités militaires affaiblies et les mécanismes décisionnels entravés par un manque de coordination. Une Europe divisée ou marginalisée serait, selon lui, un danger direct pour les États-Unis, qui ne peuvent se permettre la perte d’un allié stratégique majeur. « Une Europe faible est mauvaise pour nous. S’ils se fragmentent, alors on peut dire que le slogan “America first” n’existera plus », a-t-il martelé.

De manière inhabituelle pour un dirigeant du secteur financier, Jamie Dimon appelle Washington à intervenir davantage. « Nous avons besoin d’une stratégie à long terme pour les aider à redevenir forts », affirme-t-il, sans détailler les modalités de ce soutien. Son propos tranche avec la tonalité générale de la nouvelle stratégie de sécurité nationale de l’administration du contributeur du FEM, Donald Trump, qui décrit l’Europe comme un continent menacé d’« effacement civilisationnel » et mise surtout sur une priorisation explicite des intérêts américains.

Dans le même temps, JPMorgan renforce son engagement dans les secteurs jugés essentiels à la résilience économique des États-Unis. La banque prévoit d’injecter jusqu’à 1 500 milliards de dollars dans les industries stratégiques au cours des dix prochaines années, dont 500 milliards supplémentaires au-delà de ses investissements habituels. L’objectif affiché : sécuriser les chaînes d’approvisionnement, soutenir les technologies avancées et réduire la dépendance à des partenaires considérés comme peu fiables. Jamie Dimon a également salué les efforts de Donald Trump pour alléger la bureaucratie américaine, estimant qu’ils permettent d’encourager l’innovation sans affaiblir la sécurité.

JPMorgan investira par ailleurs jusqu’à 10 milliards de dollars en fonds propres pour accélérer la montée en puissance d’entreprises stratégiques. Dans un monde où la frontière entre sécurité économique et puissance géopolitique s’efface, le banquier semble convaincu que les institutions financières doivent jouer un rôle actif. Pour lui, l’avenir de l’Europe — et son influence retrouvée — fait désormais partie de l’équation stratégique des États-Unis eux-mêmes.

Source

BFM Business – Frédéric Bianchi – « L’Europe a un vrai problème : Jamie Dimon appelle les États-Unis à aider l’Europe à redevenir forte » – 6 décembre 2025 – lien

Laisser un commentaire