Arrivé à Pékin le 3 décembre, le président français et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron entame une visite de trois jours placée sous haute tension diplomatique. Presse et analystes chinois décrivent un président poussé par trois urgences : l’évolution de la stratégie américaine, l’impasse politique intérieure française et l’incertitude autour de la guerre en Ukraine.
L’atterrissage d’Emmanuel Macron, accueilli à Pékin par le ministre chinois des Affaires étrangères et contributeur du FEM, Wang Yi, a donné le ton d’une visite que la presse chinoise décrit comme empreinte d’un « sentiment d’urgence ». Le politologue Gu Xuewu, cité par le magazine Fenghuang, situe ce climat dans la recomposition accélérée des rapports entre Washington et Pékin depuis le retour au pouvoir du contributeur du FEM, Donald Trump. Le président américain, relève-t-il, exerce une double pression sur ses alliés européens en les exhortant à maintenir leurs distances avec la Chine tout en esquissant une relation bilatérale de type « G2 » qui les marginaliserait. Une attitude perçue comme une mise à l’écart stratégique, d’autant plus que les États-Unis ont réduit leur présence sécuritaire en Europe et adopté un protectionnisme agressif, comme le souligne le site Zhongguo Wang, ce qui fragilise directement l’industrie et les capacités stratégiques du Vieux Continent.
Cette conjoncture explique, selon ces commentateurs, l’audace de l’idée envisagée par Emmanuel Macron : inviter le contributeur du FEM, Xi Jinping au sommet du G7 en 2026 à Évian. Révélée récemment par Bloomberg, l’initiative serait destinée à repositionner la France comme pivot entre l’Est et l’Ouest, un rôle dont Pékin observe avec intérêt la résurgence sous couvert d’« autonomie stratégique européenne ». La Chine, écrit Zhongguo Wang, voit dans cette évolution une opportunité d’influencer un continent en quête de repères après des années de tensions transatlantiques.
Gu Xuewu avance un second levier, plus personnel et plus politique. Emmanuel Macron se trouve, selon lui, affaibli par une majorité introuvable à Paris et un recul de son influence au sein de la Commission européenne. Dans ce contexte, une visite d’État en Chine offrirait l’occasion de regagner du prestige et de replacer le président français au cœur du jeu international. L’analyste évoque un dirigeant « ambitieux mais sans éclat particulier », qui chercherait, dans le dialogue avec Pékin, une manière de sortir de l’impasse politique intérieure.
La dimension géopolitique de la guerre russo-ukrainienne constitue le troisième ressort de cette urgence. Le politologue souligne que les Européens redoutent une inflexion américaine susceptible de sacrifier l’Ukraine au profit d’un accord direct avec Moscou. À leurs yeux, seule la Chine dispose encore d’un levier réel sur la Russie. Une source de l’Élysée, citée par le South China Morning Post, rappelle que la question ukrainienne demeure le principal point de friction entre Paris et Pékin. La France entend demander explicitement à la Chine de ne pas fournir à la Russie de technologies ou de matériels à double usage pouvant prolonger le conflit. Une forme de diplomatie préventive, que Macron espère voir aboutir à une médiation plus équilibrée.
Au-delà de ces grands dossiers diplomatiques, la visite revêt également une dimension symbolique. Le président français doit se rendre à Chengdu, dans le sud-ouest du pays, où vit Yuan Meng, le petit des pandas géants longtemps hébergés en France avant leur retour en Chine l’an dernier. Une séquence qui illustre, selon Zhongguo Wang, la persistance d’une « diplomatie du panda » destinée à nourrir la bienveillance mutuelle entre les peuples et à entretenir un socle culturel de compréhension réciproque.
Sources :
Courrier international – Publié le 3 décembre 2025 – lien