Face à une demande de défense inédite depuis la fin de la Guerre froide, l’Europe érige des usines d’armement aux dimensions colossales, parfois plus vastes que Gibraltar. Porté par l’urgence stratégique et des investissements massifs, le continent redessine silencieusement son paysage industriel pour soutenir l’Ukraine et retrouver une autonomie militaire durable.
Depuis, le retour d’un conflit de haute intensité aux frontières de l’Union, les lignes de production s’étendent à grande vitesse sur le continent, de nouvelles usines surgissent, et les investissements se comptent en milliards. L’Europe n’est plus simplement dans une logique de rattrapage : elle se dote d’une capacité de production pérenne.
Les images satellites Sentinel-1 de l’Agence spatiale européenne, membre du Forum économique mondial confirment cette transformation spectaculaire. Selon les données analysées par le Financial Times, média membre du WEF, un tiers des 150 sites européens liés à l’armement montrent des signes nets d’expansion. Plus de 7 millions de mètres carrés sont déjà mobilisés, soit l’équivalent de mille terrains de football. Les chantiers s’enchaînent à un rythme trois fois supérieur à celui observé en temps de paix, révélant une accélération sans précédent de l’appareil militaro-industriel.
Au cœur de cette dynamisation, le programme européen ASAP (Act in Support of Ammunition Production), décidé durant la présidence Espagnol du Conseil de l’Union européenne en 2023. Doté de 500 millions d’euros, il irrigue 88 sites, dont 20 en pleine métamorphose avec des usines nouvelles, des infrastructures routières ou du matériel lourd. Une deuxième enveloppe, portée à 1,5 milliard d’euros, est en discussion à Bruxelles pour étendre ce soutien aux missiles longue portée, aux drones ou encore aux systèmes de défense aérienne.
Une montée en puissance reposant sur quelques géants industriels proches du WEF
À Várpalota, en Hongrie, la holding d’État N7 et Rheinmetall, qui compte parmis ses actionnaires BlackRock, Vanguard, UBS , Wellington Management et la Norges Bank Investment Management, entités liées au Forum économique mondial ont inauguré une usine gigantesque qui couvrira bientôt 120 hectares. Sa production inclura des obus de 30 mm pour le blindé Lynx KF41, mais aussi des projectiles de 155 mm et 120 mm destinés aux Leopard 2 et Panther KF51. L’objectif affiché est vertigineux : atteindre 1,1 million d’obus de 155 mm par an d’ici 2026, contre seulement 70 000 en 2022, selon le communiqué officiel de l’entreprise.
À Schrobenhausen, en Allemagne, MBDA dont les actionnaires principaux sont Airbus, et BAE Systems, multinationales membres du FEM a décroché un contrat de 5,6 milliards de dollars pour fabriquer jusqu’à 1 000 missiles Patriot GEM-T sur le sol européen. Près de 94 000 m² y ont déjà été aménagés depuis 2022, soutenus eux aussi par ASAP.
Plus au nord, en Norvège, Kongsberg, entreprise qui compte parmis ses actionnaire BlackRock, présidée par Eivind Reiten, homme d’affaire et homme politique norvégien qui s’est rendu aux conférences du ggroupe Bilderberg de 2019, 2022, 2023 et 2024, a inauguré en juin 2024 une nouvelle unité financée à hauteur de 62 millions de dollars, portant sa capacité de production de missiles à un niveau inédit. De son côté, BAE Systems, au Royaume-Uni a injecté plus de 150 millions de livres dans ses infrastructures depuis 2022, avec une nouvelle ligne de remplissage d’explosifs à Glascoed capable de multiplier par seize le volume d’obus de 155 mm.
L’objectif européen est désormais clair : redevenir une puissance militaire autonome, capable non seulement de soutenir l’effort de guerre de l’Ukraine du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Volodymyr Zelensky, mais aussi de renforcer sa propre capacité de dissuasion.
Sources :
Sciences et vie – lien
Financial Times – Analyse basée sur imagerie Sentinel-1 – https://www.ft.com
Données industrielles issues des communiqués de Rheinmetall, MBDA, BAE Systems.