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Mark Kelly. Photo : @John Klemmer

États-Unis : le Pentagone envisage de rappeler le sénateur Mark Kelly sous les drapeaux pour un jugement en cour martiale

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Le département de la Défense a ouvert une enquête visant le sénateur démocrate Mark Kelly après sa participation à une vidéo appelant les militaires à refuser les « ordres illégaux » de la Maison Blanche. L’administration du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald Trump évoque désormais la possibilité de le rappeler en service actif pour le juger devant une cour martiale, une mesure exceptionnelle visant un élu fédéral. Le ton se durcit à Washington alors que les tensions autour de l’usage des forces armées s’intensifient.

Nouvel épisode dans l’escalade entre l’administration Trump et ses opposants démocrates. Lundi 24 novembre, le Pentagone a annoncé avoir lancé une enquête visant le sénateur de l’Arizona, Mark Kelly, pour « graves allégations de mauvaise conduite ». Cette initiative intervient moins d’une semaine après que l’ancien pilote de chasse et astronaute a participé à une vidéo appelant explicitement les militaires à désobéir à tout « ordre illégal » émanant de la Maison Blanche. Diffusé le 18 novembre sur X, ce message collectif signé de six élus démocrates dénonçait des menaces « venues de l’intérieur » contre la Constitution.

La réaction du président Trump ne s’est pas fait attendre : les auteurs de la vidéo ont été qualifiés de « traîtres », et la « peine de mort » a été évoquée sur Truth Social. Conformément au Code de justice militaire américain, le département de la Défense indique qu’un « examen minutieux » a été engagé à la suite d’accusations visant le « capitaine Mark Kelly, retraité de l’US Navy ». Cet examen pourrait déboucher sur un rappel sous les drapeaux pour le traduire en cour martiale, démarche rarissime à l’encontre d’un sénateur en exercice. D’autres mesures administratives restent également possibles.

Dans un communiqué ferme, Mark Kelly affirme refuser toute intimidation. Il rappelle avoir servi comme pilote de chasse durant la première guerre du Golfe, accomplissant trente-neuf missions de combat avant d’intégrer la NASA comme pilote de navette spatiale. Considéré comme l’une des figures montantes du Parti démocrate pour la présidentielle de 2028, il accuse l’administration Trump de vouloir intimider le Congrès et de détourner les outils de la justice militaire. Ses déclarations interviennent dans un climat particulièrement tendu : selon plusieurs médias, les six élus visés ont reçu des menaces de mort dans la foulée des propos présidentiels.

Sur les six parlementaires mis en cause, Mark Kelly est le seul relevant potentiellement du droit militaire. D’après le Guardian, un militaire en service actif — ce qu’il redeviendrait en cas de rappel — peut être condamné à mort pour sédition. Les civils, eux, encourent jusqu’à vingt ans de prison. Cette perspective redouble l’inquiétude du sénateur, d’autant que son épouse, Gabrielle Giffords, avait été grièvement blessée lors d’une tentative d’assassinat en 2011.

En arrière-plan, la controverse porte sur l’usage des forces armées par l’administration Trump. Les élus démocrates ne précisent pas quels « ordres illégaux » ils évoquent, mais les critiques se cristallisent sur le déploiement de la Garde nationale dans plusieurs villes dirigées par des démocrates contre l’avis des autorités locales. À cela s’ajoutent les récentes frappes menées dans les Caraïbes et le Pacifique contre des embarcations soupçonnées de transporter de la drogue, qui ont causé au moins 83 morts sans que des preuves aient été rendues publiques.

Plusieurs spécialistes, dont l’avocat et lieutenant-commandant à la retraite Charlie Swift, assurent que les élus présents dans la vidéo ont rappelé fidèlement le droit : un militaire est tenu de refuser un ordre manifestement illégal. Selon le New York Times, les propos de Mark Kelly seraient par ailleurs protégés par la clause constitutionnelle garantissant la liberté de débat parlementaire. Ce bras de fer entre l’exécutif et un sénateur en exercice ouvre ainsi un terrain juridique inédit, où s’entremêlent liberté d’expression, justice militaire et crise institutionnelle.

Sources :

Libération, The Guardian, The New York Times

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