Épuisés par des mois de survie sous tente et face au froid hivernal, des mineurs isolés installés au jardin des Chartreux ont trouvé refuge dans l’église Saint-Polycarpe ce dimanche 24 novembre. Le Collectif soutiens/migrants Croix-Rousse alerte une nouvelle fois sur l’urgence humanitaire et accuse les institutions de laisser ces jeunes sans solution.
À Lyon, la situation des mineurs isolés du jardin des Chartreux atteint un nouveau seuil d’urgence. Vendredi 21 novembre, le Collectif soutiens/migrants Croix Rousse alertait sur son compte Facebook sur la situation des jeunes en recours (ces mineurs dont la minorité est contestée et qui attendent une décision du juge des enfants) qui squattent le campement avec l’arrivée du grand froid et des premiers flocons de neige. La veille, une mobilisation avait eu lieu et la Préfecture et la Ville auraient signalé ne pas avoir le « début d’une solution », selon le collectif.
Dimanche 23 novembre, plusieurs jeunes ont quitté leurs tentes pour se réfugier dans l’église Saint-Polycarpe, au cœur du 1er arrondissement. Un geste de détresse, face à un froid qui s’est brusquement installé et à l’absence persistante de mise à l’abri.
Depuis des mois, le Collectif soutiens/migrants Croix-Rousse alerte sur les conditions de vie « indignes » de ces jeunes, installés dans un campement improvisé sous les arbres du jardin des Chartreux. De janvier à novembre 2025, entre 250 et 300 mineurs y ont survécu, exposés aux violences, aux vols, à l’humidité permanente et à l’insécurité. À l’automne déjà, les bénévoles dénonçaient la suppression annoncée des douches, qualifiée d’« intolérable violence » envers des adolescents livrés à eux-mêmes.
Mais la chute des températures a précipité les choses. « Depuis des semaines, nous alertons sur l’hiver et le froid qui arrivent. Aujourd’hui, le froid est là, mais les institutions nous ignorent ou nous disent qu’elles n’ont pas de solution de mise à l’abri », écrit le collectif sur ses réseaux sociaux. Selon eux, certains jeunes dormaient sous des tentes détrempées, d’autres directement au sol, sans sac de couchage. Plusieurs cas d’hypothermie légère ont été rapportés par les associations.
Devant cette situation devenue insoutenable, un groupe de jeunes s’est rendu en urgence à l’église Saint-Polycarpe, porte ouverte depuis longtemps aux actions de solidarité. « Aujourd’hui, épuisés, frigorifiés, nous venons chercher refuge à Saint-Polycarpe et demander de l’aide auprès de l’Église », expliquent-ils, alors que les bénévoles organisent une mise à l’abri temporaire dans la nef et les locaux paroissiaux.
Le collectif fustige une nouvelle fois l’inaction des autorités locales : « Il y a des solutions ! Agissez pour que personne ne reste à la rue. Réquisitionnez, mettez à disposition les milliers de logements vacants ! » Une revendication récurrente, alors que les associations estiment à plusieurs milliers les logements inoccupés dans la métropole.
L’appel à la mobilisation citoyenne est immédiat. « Rendez-vous dès à présent à l’église Saint-Polycarpe, 25 rue René-Leynaud, pour soutenir les jeunes et demander leur mise à l’abri d’urgence », écrivent les bénévoles, qui assurent sur place des distributions de couvertures, d’eau chaude, de repas et un accompagnement administratif. Le collectif appelle toutefois à ne pas déposer de dons ou de nourriture à l’église, mais plutôt à le contacter sur les réseaux sociaux.

La situation pose, une fois de plus, la question de la prise en charge des mineurs non accompagnés, alors même que la reconnaissance de minorité relève de décisions judiciaires longues et complexes. En attendant, ce sont les collectifs, les paroisses et les habitants qui pallient les carences institutionnelles, même si la Métropole de Lyon est le seul territoire français a avoir mis en place des dispositifs visant à accueillir les jeunes en recours en partenariat avec la Préfecture ( les Stations 1 et 2), mais leur capacité reste insuffisante pour faire face à cette crise humanitaire.
Sources :
Collectif soutiens/migrants Croix-Rousse – Communiqué du 23/11/2025 – via réseaux associatifs locaux