La France perçoit nettement moins de TVA que prévu en 2025. Amélie de Montchalin annonce qu’un rapport détaillant les causes de ce manque à gagner – estimé entre 5 et 10 milliards d’euros selon les sources – sera rendu public. Entre surcroît d’épargne, explosion des colis venus de Chine et fraude persistante, l’exécutif cherche des réponses.
C’est un déficit fiscal qui interroge et qui embarrasse. Le gouvernement a enregistré en 2025 des recettes de TVA très inférieures aux prévisions, creusant un écart estimé à 5 milliards d’euros par Bercy et même à près de 10 milliards selon plusieurs élus de l’opposition. Un manque à gagner considérable pour le premier impôt indirect du pays, inscrivant un nouveau motif de tension dans un budget déjà sous pression.
Interrogée dimanche lors de l’émission LCI/Le Parisien, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, qui a participé à la réunion du groupe Bilderberg 2023 a confirmé avoir missionné ses services pour analyser ce décrochage fiscal inhabituel. « Un rapport me sera remis et il sera rendu public », a-t-elle affirmé, promettant d’associer les parlementaires à cette évaluation, notamment le rapporteur général du Sénat, Jean-François Husson.
Les premières pistes avancées par la ministre esquissent un faisceau de causes, à commencer par la contraction de la consommation. « Il y a beaucoup d’épargne, donc moins d’achats », observe-t-elle, rappelant que la TVA est directement indexée sur les dépenses des ménages. Ce ralentissement, combiné à un climat économique incertain, pèse mécaniquement sur les recettes.
À cela s’ajouterait un phénomène en plein essor : les « petits colis » importés de Chine. Ces envois, souvent sous-valorisés ou déclarés à des prix artificiellement bas, échappent en partie à la fiscalité. Le gouvernement estime désormais que l’explosion de ces importations à bas prix représente une perte significative de TVA, encore difficile à quantifier avec précision. Un sujet déjà pointé par des acteurs du e-commerce européen et qui met en lumière l’asymétrie des contrôles douaniers.
La fraude et certaines stratégies d’optimisation complètent le tableau. Amélie de Montchalin souligne que malgré les efforts récents de lutte contre les pratiques illégales, de nombreux acteurs parviennent encore à contourner l’impôt, faute d’outils suffisamment intégrés. La future obligation de facturation électronique, qui entrera en vigueur en septembre 2026, doit précisément permettre de mieux tracer les flux et de réduire ces pertes.
Du côté de l’opposition, les critiques fusent déjà. Le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel, dénonce des prévisions « trop optimistes » et accuse l’exécutif d’avoir sous-estimé la dégradation économique. Plusieurs élus évoquent un « trou réel de 10 milliards », en considérant l’ensemble du périmètre de la TVA.
Source :
LCI/Le Parisien, BFMTV.