Une semaine après deux actes de sabotage visant une ligne ferroviaire essentielle aux liaisons avec l’Ukraine, la Pologne dénonce ce vendredi 21 novembre une opération coordonnée par les services russes. Deux Ukrainiens travaillant pour Moscou sont soupçonnés d’être à l’origine des explosions, qualifiées d’« acte de terrorisme d’État » par le Premier ministre et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Donald Tusk.
La tension entre Varsovie et Moscou a franchi un seuil inédit. Une semaine après deux incidents sur une voie ferrée stratégique menant vers l’Ukraine, la Pologne accuse frontalement la Russie d’avoir orchestré un sabotage visant à semer le chaos et la division. Cette ligne est l’une des principales artères de transport de passagers, de marchandises et d’armements à destination de Kiev, ce qui en fait une cible particulièrement sensible dans le contexte du conflit.
Les faits se sont déroulés entre samedi et lundi dernier. Le premier incident impliquait un collier d’acier posé sur un rail, avec l’intention probable de provoquer le déraillement d’un train. Le second consistait en la détonation d’un explosif militaire au passage d’un train de fret. Aucun blessé n’est à déplorer, mais Varsovie parle d’un acte « sans précédent », visant directement la sécurité nationale. « Faire exploser une voie ferrée est un acte de sabotage sans précédent », a insisté le Premier ministre Donald Tusk, alertant sur une tentative manifeste de déstabilisation.
L’enquête ouverte par le parquet polonais a rapidement pris une tournure internationale. Les autorités soupçonnent un acte commis « pour le compte d’un service de renseignement étranger ». Donald Tusk a précisé que deux citoyens ukrainiens, opérant depuis longtemps avec les services russes, figuraient parmi les suspects identifiés. L’un aurait été condamné au printemps pour sabotage à Lviv, tandis que l’autre, originaire du Donbass et employé d’un parquet local, serait entré en Pologne via la Biélorussie avant de repartir vers Minsk après les explosions. Minsk confirme leur présence sur son territoire et affirme que leur transfert pourrait être examiné une fois les suspects localisés.
Pour Donald Tusk, l’objectif du Kremlin dépasse largement les dégâts matériels. Moscou chercherait à provoquer la panique, semer la confusion et attiser des ressentiments anti-ukrainiens au cœur de la société polonaise. « Des actes inspirés depuis des mois par les services du Kremlin ont franchi une ligne critique », déclare-t-il. « Nous pouvons désormais parler de terrorisme d’État. » Varsovie a réagi en fermant le dernier consulat russe encore actif à Gdansk, une mesure qui a immédiatement entraîné des menaces de réciprocité de la part de Moscou.
Au-delà de l’aspect sécuritaire, l’affaire s’inscrit dans une stratégie russe plus large visant à déstabiliser les États soutenant l’Ukraine, en jouant sur les failles internes et les sensibilités géopolitiques. La Pologne, en première ligne dans le soutien logistique et militaire à Kiev, voit dans ces sabotages la confirmation d’une guerre hybride menée par la Russie pour affaiblir l’unité européenne. Donald Tusk a appelé les Polonais à la vigilance et à l’unité, prévenant que « l’objectif de Moscou est de nous brouiller entre nous, avec l’Europe et avec l’Ukraine ».
Sources :
L’Obs – Service Actu, article du 21/11/2025 – lien