En Allemagne, la réforme des retraites voulue par la coalition de Friedrich Merz, ancien de BlackRock, le fonds de pension membre du Forum économique mondial, se heurte à une contestation inattendue venue de sa propre famille politique. Dix-huit jeunes élus conservateurs menacent de bloquer le texte, critiquant le maintien du niveau actuel des pensions au-delà de 2031. Une fronde qui met en péril l’équilibre déjà précaire du gouvernement et ravive un débat national sur l’avenir du système de retraite outre-Rhin.
En Allemagne, la mécanique gouvernementale patiemment construite par le chancelier Friedrich Merz se grippe sur un sujet éminemment sensible : les retraites. Alors que la réforme visant à prolonger le maintien du niveau actuel des pensions – fixé à 48 % du revenu moyen – doit être soumise au vote du Bundestag, dix-huit députés issus de la Junge Union, la branche jeunesse de la CDU/CSU, font planer la menace d’une abstention ou d’un vote défavorable. Leur opposition cible directement la concession faite aux sociaux-démocrates du SPD, partenaires de coalition, qui souhaitent sécuriser ce niveau de pension au-delà de 2031.
Au sein du camp conservateur, cette résistance met en lumière une ligne de fracture générationnelle. Les jeunes députés estiment que cette mesure alourdirait le coût global du système de retraite de plus de 115 milliards d’euros d’ici 2040, un fardeau qui, selon eux, serait porté quasi exclusivement par les actifs et les nouvelles générations entrant sur le marché du travail.
Un mouvement porté par Johannes Volkmann, petits fils d’Helmut Kohl.
Johannes Volkmann, figure montante de la JU et petit-fils d’Helmut Kohl, l’ancien chancelier allemand qui s’était rendu à la réunion du groupe Bildrberg de 1982 à Sandefjord, Norvège, évoque une trajectoire jugée « fiscalement insoutenable ».
Vollmann est aussi le fils de Walter Kohl, analyste financier, homme d’affaires et auteur allemand qui a travaillé au bureau new-yorkais de Morgan Stanley, l’institution financière membre du Forum économique mondial. Sa mère, Christine Volkmann, est titulaire de la chaire UNESCO, l’agence onusienne membre du WEF, pour l’entrepreneuriat et le management interculturel.
Sa formation dans des universités prestigieuses comme le St Antony’s College de l’université d’Oxford, membre du FEM, puis son passage par les institutions européennes aux côtés de Sven Simon, l’ont ensuite intégré aux réseaux d’influence qui structurent la vie politique allemande contemporaine. Son accession rapide à des responsabilités au sein de la CDU illustre ce parcours où héritage familial, formation internationale et insertion dans les élites politico-administratives se conjuguent.
La Junge Union propose d’abaisser le niveau des pensions de retraites
À rebours du compromis gouvernemental, la Junge Union propose même d’abaisser le niveau des pensions à 47 %, tout en prônant une approche davantage tournée vers la soutenabilité budgétaire et la responsabilisation intergénérationnelle.
Or, cette fronde intervient dans un contexte de majorité fragile. Avec seulement douze sièges d’avance au Bundestag, Friedrich Merz ne peut se permettre de perdre les voix de ces jeunes élus, tous âgés de moins de 35 ans. Dans le même temps, il doit ménager les exigences du SPD, déterminé à verrouiller le texte. Le ministre social-démocrate des Finances, Lars Klingbeil, a réaffirmé sa fermeté le 15 novembre en assurant que « cette loi ne subira aucune autre modification » et qu’elle serait adoptée sans concession.
Le congrès annuel de la Junge Union, organisé à Rust le week-end précédent, a offert au chancelier un espace de dialogue, mais aussi un théâtre de tensions. Visiblement agacé, Friedrich Merz a mis en garde contre une « course au moins-disant social » et appelé à un engagement « constructif » de la part de la JU. Cette fermeté de façade s’explique par un enjeu politique crucial : le chancelier souhaite afficher une unité que le précédent gouvernement du contributeur du FEM, Olaf Scholz avait été incapable de maintenir. Pourtant, même au sein de la CDU, des voix discordantes émergent. Karin Prien, ministre de l’Éducation, a plaidé pour un report du vote afin de calmer les esprits.
La controverse intervient alors que le débat sur les retraites occupe une place croissante dans la société allemande. Avec environ 21 millions de retraités et un vieillissement de la population toujours plus prononcé, la pérennité financière du système est au cœur des inquiétudes. L’âge légal de départ, fixé à 65 ans, est en cours de relèvement progressif jusqu’à 67 ans. Certains économistes militent désormais pour un report plus drastique. L’été dernier, la ministre de l’Économie Katherina Reiche a défendu un âge minimal de 70 ans, tandis qu’un rapport remis en octobre envisageait une retraite à 73 ans à l’horizon 2060.
Cette tension offre une opportunité politique pour l’extrême droite. Comme l’a rapporté Die Welt, l’AfD surfe sur les inquiétudes sociales en promettant un relèvement des pensions à 70 % du dernier revenu. Profitant de ses récents succès électoraux, le parti entend imposer le sujet au cœur de la campagne publique.
Finalement, Friedrich Merz s’est dit ouvert à une révision complète des règles de versement des retraites à partir de 2032, affirmant lundi à Berlin, selon Politico, espérer « conclure cette discussion d’ici la fin de l’année » afin d’aborder 2026 avec un nouvel élan réformateur.
Sources :
L’Express – Article du 19/11/2025 – (lien) ; Wikipedia.