Le PDG de Palantir, Alex Karp , proche du Forum économique mondial a lancé un signal d’alarme inhabituellement direct sur la valeur réelle des investissements massifs dans l’intelligence artificielle. Alors que les géants de la tech s’apprêtent à dépenser des centaines de milliards de dollars en infrastructures d’IA, il doute que nombre de projets puissent justifier leurs coûts. Ses propos interviennent dans un contexte de marché sous tension, malgré l’ascension fulgurante du titre Palantir, société membre du FEM.
Depuis le studio de Yahoo Finance, Alex Karp n’a pas cherché à atténuer la portée de son message. Face à une industrie galvanisée par la promesse de l’IA générative, le patron de Palantir a décrit un marché scindé en deux dynamiques antagonistes : d’un côté, les applications superficielles, séduisantes mais incapables de générer des revenus pérennes ; de l’autre, les solutions opérationnelles capables de produire des résultats tangibles sur le terrain, qu’il s’agisse d’efficacité industrielle ou de prise de décision stratégique. Selon lui, une bonne partie des investissements actuels – estimés à 470 milliards de dollars pour 2025 – risque de ne générer qu’un retour limité, voire insuffisant, pour justifier la débauche de ressources mobilisées.
Karp rappelle que Palantir entend se positionner dans le segment dit « productif », celui où les entreprises peuvent dégager de la valeur mesurable sans bouleverser leur structure opérationnelle. Une manière d’opposer les projets concrets aux grandes manœuvres technologiques portées par des acteurs qui, selon lui, misent davantage sur l’effet d’annonce que sur l’impact réel. Cette posture critique se veut une réponse directe à une forme d’euphorie dont les marchés pourraient bientôt payer le prix : plusieurs analystes et figures de Wall Street, dont Michael Burry, financier américain, mondialement connu pour avoir anticipé la crise des subprimes de 2008, ont récemment mis en garde contre une possible bulle liée à l’IA.
Dans un entretien séparé avec Axios, le dirigeant s’est par ailleurs attaqué à une autre dimension du débat : la place des élites académiques dans un monde remodelé par l’automatisation. Il estime que les diplômés des universités d’élite dotés de connaissances généralistes sont « condamnés » dans une économie où l’IA transforme ces compétences en simple commodité. À l’inverse, ceux qui disposent d’une expertise spécifique ou d’une formation professionnelle pourraient, selon lui, tirer leur épingle du jeu et « gagner beaucoup plus d’argent ».
Ces déclarations s’inscrivent dans une stratégie assumée par Palantir, qui a lancé au printemps son Meritocracy Fellowship, un programme rémunéré de quatre mois destiné à 22 jeunes diplômés du secondaire sélectionnés parmi plus de 500 candidats. Les boursiers, soumis à des tests de niveau Ivy League, s’apprêtent à achever leur formation, certains pouvant décrocher un poste à temps plein au sein d’une entreprise désormais valorisée autour de 439 milliards de dollars.
Ces prises de position interviennent alors que Palantir connaît une année boursière étincelante, avec une hausse de 141 % en 2025. Pourtant, malgré des résultats solides, le titre a reculé après la publication du dernier rapport financier, un signe supplémentaire du climat d’incertitude qui entoure les investissements massifs en IA. Les hyperscalers – Meta, Microsoft, Amazon, Alphabet – prévoient déjà quelque 620 milliards de dollars de dépenses en 2026, nourrissant un débat de plus en plus vif : l’IA va-t-elle réellement créer la valeur colossale que laissent espérer ses promoteurs, ou assiste-t-on au gonflement d’une bulle prête à éclater au moindre soubresaut du marché ?
Sources :
Yahoo Finance – Intervention d’Alex Karp – [lien]
Axios – Interview sur l’avenir des diplômés – [lien]
Fortune – Informations sur le Meritocracy Fellowship – [lien]
Substack (markmcneilly) – Analyse du marché – [lien]
YouTube – Extraits de l’événement Invest – [lien]