Alors que la communauté internationale attend une réponse définitive du gouvernement soudanais concernant un cessez-le-feu proposé par les États-Unis, les combats s’intensifient dans la région du Kordofan. Après la prise d’El-Fasher fin octobre, les Forces de soutien rapide (FSR) concentrent leurs efforts militaires sur cette zone pétrolifère et stratégique, indispensable au contrôle de Khartoum et de l’ensemble du pays.
Selon Asharq Al-Awsat, la prise d’El-Fasher a marqué un tournant. Les FSR ont redéployé leurs forces vers l’est, ciblant les villes du Kordofan du Nord et du Sud, notamment El-Obeid, capitale régionale encore sous contrôle des Forces armées soudanaises (SAF).
Début novembre, au moins 40 civils ont été tués lors d’une frappe de drone attribuée aux FSR près d’El-Obeid (Africa News). La ville est désormais le théâtre d’intenses affrontements.
Exactions et déplacements massifs de civils
La ville de Bara, à 30 kilomètres d’El-Obeid, est tombée fin octobre entre les mains des FSR. D’après BBC Africa, les combats ont entraîné le déplacement de 20 000 personnes vers El-Obeid. Des informations concordantes font état de massacres, violences sexuelles, enlèvements et pillages.
Plus au sud, Kadugli fait face à une situation de famine. Les ONG alertent sur l’encerclement total de la ville et l’absence de ravitaillement depuis plusieurs semaines.
Progression des FSR dans l’ouest du Kordofan
Selon le Sudan Tribune, les FSR contrôlent désormais une grande partie du Kordofan occidental, incluant Al-Fula, Muglad, Meiram, Lagawa, Al-Khawi, Al-Nuhud et Wad Banda. L’armée conserve cependant Babanusa ainsi que certains champs pétrolifères de Heglig, proches du Soudan du Sud.
Mada Masr précise que les FSR ont renforcé cette semaine leurs opérations autour de Dalang et Babanusa.
Un enjeu stratégique majeur pour les deux camps
Au-delà de ses ressources pétrolières, le Kordofan constitue un axe essentiel entre l’ouest du pays et la capitale. Middle East Eye rappelle que la région se situe à environ quatre heures de Khartoum et Omdurman. Contrôler cet axe permettrait aux FSR de relancer une offensive sur la capitale, perdue en mars dernier.
Parallèlement, l’Égypte – alliée de l’armée soudanaise – a intensifié sa coopération militaire. Selon une source du renseignement citée par Middle East Eye, Le Caire aurait mis en place une salle d’opérations conjointe dans le Kordofan du Nord et déployé de nouveaux radars pour surveiller la progression des FSR. Reprendre le Darfour est considéré comme « vital » pour la sécurité égyptienne.
Un conflit qui continue de se dégrader
Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans un conflit entre les FSR et les SAF qui a déjà coûté la vie à environ 150 000 personnes et déplacé entre 12 et 13 millions d’habitants, selon l’ONU. Près d’un tiers du territoire est désormais contrôlé par les FSR, faisant de cette guerre l’une des crises humanitaires les plus graves au monde.
Sources :
Courrier International, Asharq Al-Awsat, Africa News, BBC Africa, Sudan Tribune, Mada Masr, Middle East Eye, ONU.