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Allemagne : la Rhénanie-du-Nord-Westphalie veut évaluer les élèves sur leur usage de l’intelligence artificielle

Dès 2030, les lycéens de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé d’Allemagne, pourront utiliser l’intelligence artificielle dans certaines évaluations comptant pour leur diplôme de fin d’études. Une révolution pédagogique qui entend évaluer non seulement la maîtrise technique des outils d’IA, mais aussi la réflexion critique des élèves face à leurs réponses.

C’est une petite révolution éducative qui se prépare outre-Rhin. Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie a annoncé son intention d’intégrer l’intelligence artificielle (IA) dans le processus d’évaluation scolaire à l’horizon 2030. Les élèves passant leur Abitur — l’équivalent du baccalauréat français — pourront alors utiliser des outils d’IA lors de certains travaux notés, à condition qu’ils en fassent un usage raisonné et critique.

La ministre de l’Éducation du Land, Dorothee Feller, a précisé que cette mesure ne concernerait pas les épreuves finales, mais des contrôles intermédiaires pouvant compter pour l’obtention du diplôme. « Seront évaluées les capacités des élèves à utiliser correctement l’IA, mais aussi leur réflexion critique sur la manière dont les réponses sont générées », a-t-elle indiqué.

Pour Der Spiegel, cette initiative marque une étape logique dans l’adaptation du système éducatif à la révolution numérique. “Le fait que l’école favorise non seulement les compétences liées à l’IA, mais qu’elle les évalue aussi, va de soi dans un système fondé sur les diplômes”, commente le magazine allemand. Des cours spécifiques de formation à l’IA, incluant l’utilisation d’outils conversationnels comme ChatGPT, seront mis en place dans les lycées pour préparer les élèves à ces nouvelles pratiques.

Le gouvernement régional prévoit une période de cinq ans de mise en œuvre pour adapter les programmes et former les enseignants. L’objectif affiché : considérer l’intelligence artificielle non pas comme une menace pour l’apprentissage, mais comme un outil pédagogique, au même titre que la calculatrice ou le dictionnaire à leur époque.

Cependant, la décision ne fait pas l’unanimité. Le quotidien Kölner Stadt-Anzeiger rappelle qu’une majorité d’enseignants se montrent sceptiques : 61 % estiment que les outils d’IA risquent d’affaiblir les capacités de communication des élèves, et 60 % craignent une baisse de leur esprit critique. Certains syndicats enseignants ont même demandé un moratoire sur l’usage de l’IA à l’école, le temps d’en mesurer les effets.

À l’inverse, les élus du Parti libéral-démocrate (FDP) jugent le calendrier trop timide et appellent à une adoption plus rapide. Ils citent en exemple le Danemark, où les lycéens pourront dès 2026 utiliser des outils numériques, y compris l’IA, pour préparer leur épreuve orale d’anglais. D’autres pays européens — le Luxembourg, la Belgique, l’Irlande et la Suède — échangent déjà leurs expériences sur l’intégration de ces technologies dans les systèmes éducatifs.

Entre prudence et ambition, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie ouvre ainsi un débat fondamental sur la place de l’intelligence artificielle dans l’éducation. Pour ses promoteurs, il ne s’agit plus de savoir si l’IA doit entrer dans les salles de classe, mais comment former les jeunes à l’utiliser de manière responsable et critique.

Sources :
Courrier international – Éducation : la Rhénanie-du-Nord-Westphalie veut évaluer les capacités des élèves à utiliser l’IA (29 octobre 2025) – courrierinternational.com
Der Spiegel – Nordrhein-Westfalen integriert künstliche Intelligenz in das Abitur (octobre 2025)
Kölner Stadt-Anzeiger – Studie: Lehrkräfte skeptisch gegenüber KI im Unterricht (juillet 2025)

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