Sous le coup des sanctions américaines, le géant pétrolier russe Loukoïl se retire progressivement des marchés internationaux. Raffineries, participations et milliers de stations-service sont mises en vente dans une dizaine de pays, marquant un tournant pour l’un des piliers de l’énergie russe.

C’est un séisme dans le paysage énergétique mondial. Loukoïl, deuxième producteur de pétrole en Russie, a entamé un vaste plan de liquidation de ses actifs à l’étranger après le durcissement des sanctions imposées par Washington. Selon le média russe Novye Izvestia, la direction du groupe a lancé l’examen des offres de rachat dans le cadre d’une licence provisoire accordée par l’Ofac, l’agence américaine de supervision des avoirs étrangers. Passé le 21 novembre 2025, toute transaction avec la société serait considérée comme une violation directe des sanctions.

« Loukoïl, c’est terminé », confie un ancien cadre du groupe cité par Politico. Selon lui, les revenus et les profits de la société ont chuté d’environ 30 % depuis l’entrée en vigueur des nouvelles restrictions.

Le retrait engagé par Loukoïl concerne des infrastructures majeures, notamment des raffineries situées en Bulgarie et en Roumanie, mais aussi des participations dans des projets pétroliers en Irak, au Kazakhstan, en Azerbaïdjan, au Cameroun, au Mexique, en Égypte et au Nigeria. S’ajoutent à cela plus de 2 400 stations-service réparties dans une dizaine de pays, de l’Europe de l’Est aux États-Unis. D’après Forbes Russie, Loukoïl et Rosneft, également touché par les sanctions, représentaient à eux deux plus de la moitié des exportations pétrolières du pays.

Les conséquences de cette vague de cessions sont déjà visibles. En Finlande, deux stations Teboil, filiale de Loukoïl, ont annoncé leur fermeture imminente. « Nous essayons d’anticiper tout changement dans la chaîne d’approvisionnement », a indiqué la direction, citée par TVP World. Selon The Moscow Times, l’entreprise Neste aurait suspendu ses livraisons de carburant à Teboil, entraînant des ruptures d’approvisionnement locales.

À Moscou, le Kremlin tente de minimiser la portée de ces sanctions. Vladimir Poutine a reconnu qu’elles constituaient « une attaque sérieuse contre les relations russo-américaines », tout en affirmant que leur impact économique resterait limité. Mais les marchés n’ont pas partagé cet optimisme : les actions de Loukoïl ont plongé de plus de 7 % à la Bourse de Moscou dès l’annonce des ventes, selon le média économique RBK.

Pour les observateurs, ce retrait précipité illustre le déclin progressif de la présence russe sur les marchés énergétiques mondiaux. Depuis le début de la guerre en Ukraine et la multiplication des sanctions occidentales, Moscou tente de réorienter ses exportations vers l’Asie, mais sans parvenir à compenser la perte des marchés européens et américains. L’Union européenne a d’ailleurs mis fin à « un demi-siècle de coopération énergétique » avec la Russie, rappelle Courrier international.

Pour le chercheur en géopolitique énergétique Artem Sokolov, la situation est symptomatique : « Loukoïl est le premier domino d’une série de retraits forcés. Les compagnies russes ne peuvent plus opérer librement hors de leurs frontières. L’État tente de compenser par des accords en Asie, mais la dépendance énergétique du Kremlin devient de plus en plus intenable. »

Sources :

Courrier international – Sanctions : “Loukoïl, c’est terminé” – 28 octobre 2025

Novye Izvestia – Loukoïl commence à liquider ses actifs étrangers – octobre 2025

The Moscow Times – Teboil stations in Finland prepare to close amid sanctions – octobre 2025

RBK – Les actions de Loukoïl plongent à Moscou après l’annonce des ventes – 28 octobre 2025