Malgré une interdiction préfectorale, l’humoriste controversé Dieudonné a tenté de jouer vendredi soir à Vieillevigne, près de Nantes. Son spectacle, organisé dans un hangar tenu secret, a été stoppé par les gendarmes sur ordre des autorités.
Rien ne semble freiner la détermination de Dieudonné M’Bala M’Bala, mais l’État à l’intention de faire appliquer ses décisions. Un spectacle de l’humoriste, interdit par la préfecture de Loire-Atlantique, a été interrompu vendredi 24 octobre au soir par les gendarmes à Vieillevigne, une commune située à une trentaine de kilomètres au sud de Nantes, selon les informations de La préfecture et de l’AFP.
Le rassemblement avait été signalé dans un hangar aménagé, où entre 150 et 200 spectateurs s’étaient réunis pour assister à la représentation. “La gendarmerie est intervenue pour interrompre le spectacle”, a précisé la préfecture. L’évacuation, entamée vers 21 heures, s’est déroulée sans incident et s’est achevée à 22 heures.
La décision d’interdiction, prise dès jeudi 23 octobre, s’appuyait sur les multiples condamnations judiciaires de Dieudonné pour “propos antisémites et incitant à la haine raciale”, ainsi que sur les risques de troubles à l’ordre public. La préfecture rappelait que les précédents spectacles du polémiste avaient régulièrement suscité des tensions et fait l’objet de mesures similaires.
Un schéma qui se répète
Depuis plusieurs mois, Dieudonné contourne les arrêtés préfectoraux en organisant ses spectacles dans des lieux communiqués au dernier moment à son public, souvent via messagerie cryptée. Le 10 octobre, la gendarmerie avait déjà interrompu l’une de ses représentations à Hérin (Nord). En juillet 2025, un autre spectacle, prévu à Lestrem (Pas-de-Calais), avait également été stoppé pour les mêmes raisons.
En janvier 2025, le tribunal administratif de Paris avait pourtant autorisé la tenue de son spectacle intitulé Vendredi 13, en référence aux attentats du 13 novembre 2015, après une interdiction préfectorale jugée excessive.
Mais ces rares victoires juridiques n’ont pas apaisé la controverse : Dieudonné, condamné à plusieurs reprises pour injures raciales, provocation à la haine ou négationnisme, reste sous haute surveillance. Depuis son expulsion du Théâtre de la Main d’or à Paris en 2017, il se produit dans des lieux alternatifs — parkings, entrepôts, et même un bus itinérant transformé en salle de spectacle.
Une défiance assumée envers l’État
Pour ses partisans, l’humoriste incarne une forme de “résistance artistique” face à ce qu’ils perçoivent comme une “censure politique”. Mais pour les autorités, ses représentations constituent une menace directe pour la cohésion républicaine. Chaque nouvelle interdiction ou évacuation renforce ainsi l’image d’un artiste en rupture totale avec les institutions.
Sources :
[AFP – Dépêche citée par Le Monde, 25 octobre 2025]