Aurore Bergé a été réentendue par les juges dans l’enquête ouverte pour “faux témoignage” devant la commission parlementaire sur les crèches privées. La ministre macroniste, sous le statut de témoin assisté, est soupçonnée d’avoir dissimulé ses liens avec la lobbyiste Elsa Hervy. Une affaire qui s’enlise à la Cour de justice de la République, sur fond de rivalités politiques et d’enquête journalistique explosive.
L’affaire prend une tournure judiciaire de plus en plus sérieuse. Vendredi 24 octobre, Aurore Bergé, ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, a été de nouveau entendue par les juges de la Cour de justice de la République (CJR) dans le cadre de l’information judiciaire ouverte pour “faux témoignage”. Selon des sources proches du dossier citées par l’AFP, il s’agissait de sa troisième audition depuis le début de l’année.
L’enquête, ouverte fin janvier à la suite d’un signalement du bureau de l’Assemblée nationale, vise à déterminer si la ministre a menti sous serment lors de son audition du 30 avril 2024 devant la commission parlementaire sur le modèle économique des crèches privées. À l’époque, Aurore Bergé affirmait n’avoir “aucun lien personnel, intime ou amical, ni d’accointances” avec Elsa Hervy, déléguée générale de la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC).
Mais les révélations du journaliste d’investigation Victor Castanet, dans son livre Les Ogres, ont jeté le trouble. Il y évoque un “pacte de non-agression” entre la ministre et la lobbyiste, appuyé par un courriel daté d’août 2023 dans lequel Aurore Bergé qualifie Hervy de “copine” et assure qu’elle “sera très aidante avec moi”. Des éléments qui contredisent frontalement la version officielle donnée sous serment.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, son avocate, Me Jade Dousselin, a confirmé le maintien de sa cliente sous le statut de témoin assisté tout en rappelant qu’elle “conteste fermement les faits reprochés” et qu’elle a “déposé plainte en diffamation contre le livre de M. Castanet”. Du côté de la FFEC et d’Elsa Hervy, la ligne de défense est tout aussi ferme. Leur avocate, Me Albane Lancrenon, affirme que “les échanges entre les deux femmes ont toujours été strictement professionnels”.
Les juges de la CJR, accompagnés des gendarmes de la section de recherches de Paris, poursuivent actuellement l’analyse des supports numériques saisis pour vérifier la réalité des liens entre la ministre et la lobbyiste. Selon une source judiciaire, Elsa Hervy a déjà été entendue à deux reprises comme témoin simple.
L’affaire, désormais politique autant que judiciaire, embarrasse le gouvernement. Aurore Bergé, voit son image écornée par des accusations de conflit d’intérêts et de dissimulation.
En attendant les conclusions de l’enquête, le dossier reste entre les mains de la Cour de justice de la République, seule juridiction habilitée à juger les membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions.
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