Le président camerounais Paul Biya, 92 ans, a été officiellement déclaré vainqueur de l’élection du 12 octobre avec 53,66 % des voix. Mais le principal opposant, Issa Tchiroma Bakary, rejette ces résultats, revendique la victoire et appelle à “la vérité des urnes”. Des manifestations éclatent à Garoua et Yaoundé, tandis que la tension monte à la veille de la proclamation définitive par le Conseil constitutionnel.
Au Cameroun, la Commission nationale de recensement a annoncé, depuis le palais des Congrès de Yaoundé, la réélection du président sortant Paul Biya pour un huitième mandat consécutif. Selon les résultats provisoires relayés par Camer.be, le chef de l’État, au pouvoir depuis 1982, aurait obtenu 53,66 % des suffrages, contre 35,19 % pour son principal rival, Issa Tchiroma Bakary, du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC).
Ces résultats, transmis au Conseil constitutionnel pour validation officielle le 23 octobre, suscitent déjà une vague de contestations. Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre et désormais figure majeure de l’opposition, affirme avoir remporté le scrutin avec “au moins 60 % des voix”. Il publie depuis plusieurs jours des copies de procès-verbaux censés prouver sa victoire dans dix-huit départements, représentant selon lui plus de 80 % du corps électoral.
Dans le nord du pays, notamment à Garoua, fief de l’opposant, les manifestations se multiplient. Selon Le Journal du Cameroun, des cortèges spontanés sillonnent les rues depuis le 21 octobre. Des habitants, souvent jeunes, marchent en scandant le nom d’Issa Tchiroma Bakary, certains frappant sur des casseroles en signe de protestation. À Yaoundé également, des rassemblements ont eu lieu devant le palais du Conseil constitutionnel, avant d’être rapidement dispersés par les forces de l’ordre.
Les autorités camerounaises redoutent désormais un embrasement. Les gouverneurs et préfets ont multiplié les réunions avec les chefs communautaires pour appeler au calme et “à la préservation de la paix”. Le ministère de l’Administration territoriale a exhorté les populations à accueillir les résultats “dans la prière et le respect des institutions”.
Dans la presse nationale, Cameroon Tribune résume le climat ambiant : “L’attente est suspendue.” Le quotidien public, qui titrait “C’est terminé” au lendemain du vote, nuance désormais sa position en évoquant “le temps du contentieux”.
À l’international, les réactions oscillent entre prudence et inquiétude. Le média guinéen Le Djely souligne “l’isolement d’Issa Tchiroma Bakary face à un appareil d’État verrouillé et une opposition fragmentée”. De son côté, Wakat Séra, au Burkina Faso, redoute que le pays “ne bascule dans la violence”, rappelant que “les démons post-électoraux ne sont jamais loin des urnes africaines”.
À 92 ans, Paul Biya, qui cumule plus de quarante-trois années de pouvoir, s’impose une nouvelle fois comme le maître d’un jeu politique qu’il connaît à la perfection. Mais derrière cette victoire officielle, le Cameroun se trouve à la croisée des chemins : entre continuité autoritaire et soif de renouveau démocratique.
Sources :
Courrier International – « Présidentielle au Cameroun : Paul Biya officiellement réélu, mais la contestation enfle » – lien
Camer.be – Résultats de la présidentielle camerounaise du 12 octobre 2025 – lien
Le Journal du Cameroun – Articles du 21 et 22 octobre 2025 sur les manifestations post-électorales – lien
Le Djely (Guinée) – Analyse du 22 octobre 2025 sur la contestation au Cameroun – lien
Wakat Séra (Burkina Faso) – Chronique du 22 octobre 2025 sur les risques de violences post-électorales – lien
 
								 
															 
		 
							 
							