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Telegram dénonce un projet européen de surveillance des messages privés : “L’Union européenne a failli interdire votre droit à la vie privée”

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La plateforme de messagerie Telegram a publié un communiqué dénonçant un projet de loi européen qui aurait, selon elle, obligé les applications à scanner les messages privés des utilisateurs. Le texte, soutenu notamment par la France, a finalement été bloqué par l’Allemagne.

Dans un message publié sur son canal officiel ce lundi 14 octobre, Telegram a vivement critiqué un projet de règlement européen visant à imposer la détection automatique de contenus illégaux sur les services de messagerie.

“Aujourd’hui, l’Union européenne a failli interdire votre droit à la vie privée. Une loi devait être votée, obligeant les applications à scanner tous les messages privés et transformant chaque téléphone en un outil de surveillance”, écrit la plateforme dirigée par Pavel Durov.

Telegram affirme que la France aurait joué un rôle moteur dans ce qu’elle qualifie de “projet autoritaire”, citant les anciens et actuels ministres de l’Intérieur, Bruno Retailleau et Laurent Nuñez. Le communiqué accuse également les partis Les Républicains et Renaissance d’avoir voté pour ce texte au Parlement européen.

“De telles mesures censées ‘lutter contre la criminalité’ visent en réalité les citoyens ordinaires”, poursuit Telegram, ajoutant que “les criminels, eux, pourraient simplement utiliser des VPN ou d’autres réseaux cryptés pour se cacher”.

Le projet en cause : “Chat Control”

Le texte visé par Telegram correspond au règlement européen de prévention des abus sexuels sur enfants (Child Sexual Abuse Regulation), surnommé “Chat Control”. Présenté comme une réponse à la diffusion massive de contenus pédopornographiques, ce projet prévoit que les plateformes de messagerie scannent automatiquement les échanges privés pour détecter des contenus suspects — y compris sur des services chiffrés comme WhatsApp, Signal ou Telegram.

Cette approche dite de “client-side scanning” (analyse avant chiffrement) est considérée par de nombreux experts comme une menace directe pour la confidentialité. En clair, cela reviendrait à introduire un dispositif de surveillance dans chaque téléphone, même si son objectif officiel est la lutte contre la criminalité en ligne.

L’Allemagne bloque le texte, Telegram salue une “victoire pour les droits fondamentaux”

Telegram souligne dans son message que l’Allemagne, par sa prise de position soudaine, a préservé nos droits. Berlin a en effet refusé d’approuver le projet, considérant qu’il violait la Charte européenne des droits fondamentaux. Le gouvernement allemand a estimé qu’un tel dispositif reviendrait à surveiller massivement des citoyens innocents, un argument également partagé par des ONG comme Privacy International ou La Quadrature du Net.

Le communiqué de Telegram conclut :

“La menace qui pèse sur nos libertés demeure. Alors que les dirigeants français réclament un accès total aux messages privés, les droits fondamentaux des Européens restent menacés.”

Un débat européen relancé

La publication du communiqué de Telegram intervient alors que la Commission européenne cherche à réviser le projet “Chat Control” après le blocage allemand. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a déclaré vouloir “trouver un équilibre entre la protection des enfants et la préservation des libertés individuelles”.

Les défenseurs de la vie privée, eux, craignent que ce “nouvel équilibre” ne serve de cheval de Troie à la surveillance numérique.
Pour Telegram, cette bataille dépasse le cadre technique : elle touche à la définition même de la liberté numérique en Europe.

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