En pleine crise politique, Emmanuel Moulin, secrétaire général de l’Élysée, s’est invité au « pot amical » organisé par Nicolas Sarkozy avant son incarcération. Une présence qui ravive les interrogations sur les liaisons entre le pouvoir exécutif et l’ancien chef d’État.
Mercredi 8 octobre, dans l’intimité du manoir des Pavillons des Étangs dans le bois de Boulogne (XVIᵉ arrondissement), Nicolas Sarkozy a convié à un dernier moment de rassemblement avant son entrée en détention. À ses côtés figuraient diverses personnalités, parmi lesquelles Emmanuel Moulin, secrétaire général de l’Élysée, ainsi que Catherine Pégard, conseillère culture à l’Élysée.
Cette présence est notable : Emmanuel Moulin fut, naguère, conseiller économique de Nicolas Sarkozy (2009-2012) avant de rejoindre plusieurs cabinets ministériels, pour finalement être nommé à la tête de l’appareil présidentiel en avril 2024, remplaçant Alexis Kohler. Certains participants au pot affirment que la présence conjointe de deux collaborateurs élyséens suggère une validation — tacite ou assumée — du déplacement par Emmanuel Macron lui-même.
L’événement rassemblait une centaine de fidèles, d’anciens collaborateurs municipaux et nationaux, de proches. Parmi les convives : l’ancienne ministre Rachida Dati, l’ex-directeur de la Police nationale Frédéric Péchenard, des conseillers historiques du président sortant, et plusieurs avocats de défense.
Au cours de ce rassemblement discret, Nicolas Sarkozy a prononcé quelques mots. Il s’est présenté comme victime d’une injustice, allant jusqu’à se comparer au capitaine Dreyfus ou au comte de Monte-Cristo. « Dans n’importe quel pays doté d’un État de droit, on aurait conclu à ma probité », a-t-il affirmé. Il a salué le « courage » de ceux qui l’accompagnent et valorisé leur « indignation » face à son sort.
Le climat politique actuel est tendu. Outre l’intervention du secrétaire général de l’Élysée, Nicolas Sarkozy a déjà bénéficié de soutiens médiatiques et institutionnels : un coup de fil présidentiel, des visites discrètes de ministres démissionnaires, des marques de fidélité issues de son ancien entourage.
Le 13 octobre, l’ancien président sera convoqué devant le Parquet national financier pour connaître les modalités de son incarcération dans l’affaire des financements libyens, où il a été condamné en première instance à cinq ans de prison ferme.
Cette soirée, au-delà de l’affect, pose une question politique : un haut fonctionnaire de l’État peut-il légitimement apparaître publiquement en soutien à un président récemment condamné ? Le geste interpelle l’équilibre entre fidélité personnelle et impartialité institutionnelle.
Sources :
Mediapart – « Le secrétaire général de l’Élysée a participé au pot de départ en détention de Nicolas Sarkozy » – 9 octobre 2025 – https://www.mediapart.fr/journal/politique/091025/le-secretaire-general-de-l-elysee-participe-au-pot-de-depart-en-detention-de-nicolas-sarkozy
