Cinq avions de chasse américains ont survolé les eaux proches du Venezuela, ravivant les tensions entre Caracas et Washington. Le gouvernement de Nicolás Maduro dénonce une « provocation » et prépare des exercices militaires d’envergure. En toile de fond : une escalade géopolitique mêlant lutte antidrogue, pressions politiques et menace d’intervention.
Le spectre d’un affrontement entre les États-Unis et le Venezuela ressurgit dans les Caraïbes. Selon le quotidien El País América, cinq avions de chasse américains de type F-35 ont survolé, le jeudi 2 octobre, les eaux bordant les côtes vénézuéliennes. Ce survol a immédiatement été perçu à Caracas comme un signal d’alerte. Le ministre de la Défense, Vladimir Padrino López, a dénoncé une « provocation » et une « grande menace contre la sécurité nationale ».
« Je veux que vous sachiez que cela ne nous intimide pas », a déclaré le ministre, avant d’annoncer des exercices militaires pour ce samedi 4 octobre, mobilisant « toutes les forces de sécurité nationale et la milice populaire ». Ces manœuvres, destinées à « renforcer la défense territoriale », devraient impliquer plusieurs milliers de soldats et civils armés.
Une escalade sous haute tension
Ces tensions s’inscrivent dans un contexte déjà explosif. Depuis le 2 septembre, les États-Unis ont détruit trois embarcations suspectées de transporter de la drogue dans les Caraïbes, dont deux provenaient du Venezuela, causant la mort de 17 personnes. Washington justifie ces opérations dans le cadre de sa « guerre non internationale » contre les cartels, une stratégie officialisée dans un mémorandum transmis au Congrès par l’administration Trump.
Mais à Caracas, ces frappes sont interprétées comme une offensive politique déguisée. Le régime chaviste estime que la présence militaire américaine dans les Caraïbes vise directement le président Nicolás Maduro et son entourage. Le site indépendant Tal Cual souligne que le gouvernement vénézuélien voit dans ces opérations une tentative de « changement de régime ».
Le quotidien El Nacional rapporte en outre la présence d’un navire de soutien américain, le MV Ocean Trader, décrit comme un « navire fantôme » des forces spéciales, détecté par satellite au large du Venezuela. Sa mission reste inconnue, mais son déploiement alimente la crainte d’une opération secrète.
Washington durcit le ton
Aux États-Unis, les signaux se multiplient. Selon The New York Times, des conseillers de l’administration Trump discutent d’une campagne plus agressive visant à forcer le départ de Maduro. Deux sénateurs de Floride ont même demandé à doubler à 100 millions de dollars la prime pour sa capture, un montant supérieur à celui jadis offert pour Oussama Ben Laden. Le secrétaire d’État Marc Rubio a qualifié Maduro de « narcoterroriste », illustrant la radicalisation du discours américain.
Caracas se retranche et mobilise
Face à ces menaces, le président vénézuélien cherche à renforcer sa légitimité intérieure. Le journal El Universal indique que 94 % de la population rejetterait toute agression militaire américaine, selon des chiffres avancés par le gouvernement. Maduro a d’ailleurs décrété un état d’exception, lui conférant des pouvoirs élargis pour mobiliser l’armée et contrôler les infrastructures stratégiques du pays.
Depuis début septembre, plus de 4,5 millions de miliciens ont été mobilisés pour des entraînements de défense territoriale. Une démonstration de force autant qu’un message politique adressé à Washington : le Venezuela se prépare à résister.
Une atmosphère de paranoïa et d’incertitude
« Les signaux d’une attaque imminente se sont multipliés sans que personne ne sache faire la différence entre un scénario réel ou une campagne de pression », écrit El País América. Dans les couloirs du palais de Miraflores, le climat serait à la paranoïa et à la préparation d’une éventuelle guerre.
Qu’il s’agisse d’une manœuvre de dissuasion américaine ou d’une véritable escalade militaire, la tension dans les Caraïbes rappelle combien la région demeure un baril de poudre géopolitique, où le moindre incident pourrait rallumer le feu entre Washington et Caracas.
Sources :
El País América, El Universal, Task and Purpose, El Nacional, The New York Times, El Pitazo