Lors du forum de Valdaï à Sotchi, Vladimir Poutine a accusé l’Europe d’alimenter la guerre en Ukraine et promis une riposte sévère si le Vieux Continent poursuit sa militarisation et son aide à Kiev. Le maître du Kremlin a haussé le ton alors que la tension monte autour des sanctions économiques, de la « flotte fantôme » russe et de l’utilisation des avoirs gelés de Moscou.
À Sotchi, sur les rives de la mer Noire, Vladimir Poutine a une nouvelle fois choisi la menace. Jeudi 2 octobre, le président russe a averti que l’Europe s’exposerait à une « réponse très convaincante » si elle continuait de renforcer ses arsenaux et de soutenir militairement l’Ukraine. Dans un discours offensif, il a pointé du doigt l’Allemagne, qui ambitionne de redevenir « la plus puissante armée d’Europe », et accusé les Européens de nourrir « une escalade permanente » tout en empêchant tout règlement du conflit.
Affirmant que Moscou « n’a jamais engagé de confrontation militaire », Vladimir Poutine déclaré que la Russie suivait de pret la militarisation européenne. « La responsabilité incombe à une minorité, à l’Europe surtout », a-t-il insisté. Il a également ironisé sur « l’hystérie » des dirigeants européens, leur recommandant de se concentrer sur « ce qu’il se passe dans les rues de leurs villes », allusion à leurs difficultés sociales internes.
Le discours du président russe intervient dans un contexte de tensions multiples. Le 28 septembre, les autorités françaises ont arraisonné au large de Saint-Nazaire le Pushpa, un pétrolier lié à la « flotte fantôme » russe, accusée de contourner les sanctions européennes. Poutine a dénoncé un acte de « piraterie », tout en feignant d’ignorer l’origine du navire. Sur les réseaux sociaux russes, les propagandistes agitent désormais la menace d’un affrontement naval direct avec l’Union européenne, évoquant la possibilité d’escortes militaires pour ces tankers.
Cette rhétorique s’ajoute à des incidents répétés : incursions de Mig-31 dans l’espace aérien estonien, drones repérés en Pologne, Roumanie, Lituanie, Danemark, Allemagne et Belgique, ou encore cyberattaques contre des infrastructures lettones.
Selon le Wall Street Journal, les États-Unis envisagent désormais de soutenir Kiev en renseignement pour guider des frappes de longue portée contre des infrastructures énergétiques russes. Déjà fragilisé par les drones ukrainiens, le pays a vu sa capacité de raffinage chuter de 38 % en quelques mois, provoquant rationnements et files d’attente dans plusieurs régions. Poutine, de son côté, a mis en garde contre l’éventuelle livraison de missiles Tomahawk à Kiev par Washington, dénonçant une « escalade » et une implication directe des Américains.
Parallèlement, Bruxelles discute de l’utilisation des avoirs gelés de la Banque centrale russe, à hauteur de 140 milliards d’euros sur les 200 milliards immobilisés depuis 2022, pour financer l’effort de guerre ukrainien. Moscou y voit un « vol » et un « acte de guerre ». En réaction, Poutine a signé un décret permettant l’accélération de la vente ou de la confiscation d’entreprises opérant en Russie, y compris étrangères. Depuis 2022, ce mécanisme a déjà rapporté près de 41 milliards d’euros au budget russe, selon un cabinet juridique basé à Moscou.
Sources :
Le Monde – 3 octobre 2025 – Vladimir Poutine menace l’Europe d’une « réponse très convaincante »
The Wall Street Journal – octobre 2025