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Nicolas Sarkozy. Photo : @Kremlin.ru

Plainte contre Nicolas Sarkozy : des avocats l’accusent d’« outrage à magistrat » et d’« atteinte à l’autorité de la justice »

Une semaine après sa condamnation dans l’affaire libyenne, Nicolas Sarkozy est visé par une plainte déposée au parquet de Paris par une vingtaine d’avocats. Ces derniers jugent ses déclarations dans le Journal du dimanche comme une attaque grave contre l’institution judiciaire.

Les démêlés judiciaires de Nicolas Sarkozy ne s’arrêtent pas à sa condamnation du 24 septembre dernier. Selon les informations de BFMTV, une vingtaine d’avocats ont déposé plainte, ce mercredi 1er octobre, contre l’ancien président de la République pour « outrage à magistrat » et « atteinte à l’autorité de la justice ». Cette action judiciaire fait suite aux propos tenus par l’ancien chef de l’État dans une interview accordée au Journal du dimanche (JDD), où il dénonçait une décision « violant toutes les limites de l’État de droit », après avoir écopé de cinq ans de prison ferme pour « association de malfaiteurs » dans le cadre de l’affaire des financements libyens.

À l’origine de la plainte se trouve Jérôme Giusti, avocat pénaliste connu notamment pour avoir défendu les chauffeurs Uber en France et fondateur du collectif « Brigade du droit ». Il agit au nom d’une vingtaine de confrères, issus des barreaux de Paris, Caen ou Montpellier. Parmi les signataires figure également Jean-Baptiste Soufron, avocat de l’association anticorruption Anticor, qui agit à titre personnel. « Lorsque Nicolas Sarkozy a été condamné, sa prise de parole à la sortie de l’audience semblait déjà être une attaque contre la justice. Mais c’est la réitération de ses propos dans le JDD qui nous a fait réagir », explique Me Giusti.

La plainte vise trois passages précis de l’interview : la phrase où l’ancien président affirme que sa condamnation « violait toutes les limites de l’État de droit » ; celle où il évoque des « pratiques si contraires à l’État de droit » ; et enfin ses propos promettant de ne pas plier « face au mensonge, au complot et à l’insulte », interprétés comme une attaque frontale contre les magistrats. Pour les avocats plaignants, il ne s’agit pas de simples critiques, mais bien d’une volonté de discréditer l’institution judiciaire, susceptible de « fragiliser la confiance des citoyens dans son impartialité et son indépendance ».

Les textes de loi invoqués sont clairs : l’article 434-25 du Code pénal sanctionne d’une peine de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende toute tentative publique de jeter le discrédit sur une décision juridictionnelle « dans des conditions de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice ou à son indépendance ». De son côté, l’article 434-24 réprime l’outrage à magistrat dans l’exercice de ses fonctions.

Pour les plaignants, la portée des déclarations de Nicolas Sarkozy est aggravée par son statut d’ancien président et d’avocat de formation. « Ses propos outranciers et dangereux nous causent un préjudice d’exercice et d’image, tant matériel que moral », souligne Me Giusti, insistant sur le fait que les auxiliaires de justice se considèrent personnellement atteints.

Ce nouvel épisode judiciaire intervient dans un climat particulièrement tendu. Depuis la condamnation de Nicolas Sarkozy, plusieurs magistrats ayant siégé dans l’affaire libyenne, dont la présidente Nathalie Gavarino, ont été la cible de menaces de mort. Le parquet de Paris a ouvert deux enquêtes distinctes. Le 30 septembre, la procureure Laure Beccuau a dénoncé sur BFMTV « un déchaînement haineux » visant les juges.

Sources :
BFMTV – 1 octobre 2025 – lien
Le Journal du dimanche – 27 septembre 2025 – lien

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