Trois semaines après sa chute de Matignon, François Bayrou a repris la parole à l’Université de rentrée du MoDem, à L’Isle-sur-la-Sorgue. Le leader centriste a dressé un bilan élogieux de son court passage au gouvernement, apporté son soutien à Nicolas Sarkozy, tout en réaffirmant son obsession : la gravité de l’endettement public.
À L’Isle-sur-la-Sorgue, dans le Vaucluse, François Bayrou a effectué ce dimanche son grand retour sur la scène politique à l’occasion de la rentrée du MoDem. Moins d’un mois après son renversement par un vote de défiance à l’Assemblée nationale, l’ancien Premier ministre a consacré une large partie de son discours à défendre son action à la tête d’un gouvernement éphémère et à marteler son message central : l’urgence de maîtriser la dette publique.
Durant près d’une heure, le dirigeant centriste a rappelé les réformes engagées sous son autorité : adoption d’un budget dès février, lois d’orientation sur l’agriculture, lutte contre le narcotrafic, réforme du scrutin municipal à Paris, Lyon et Marseille, ou encore réorganisation de la formation des enseignants. Il a également glissé qu’un texte sur l’introduction de la proportionnelle au scrutin législatif avait été préparé, et pourrait, selon lui, « resservir » dans les débats actuels.
Bayrou s’est félicité d’avoir placé « le pays et les formations politiques devant leurs responsabilités » face à la dette, qu’il qualifie de « problème fondamental, historique, vital », déplorant qu’elle ait été trop longtemps « ignorée pendant des décennies », y compris sous Emmanuel Macron, pourtant son allié de la première heure. « Je suis très fier de ce que nous avons décidé ensemble », a-t-il insisté devant les militants démocrates.
S’il n’a que très brièvement évoqué son successeur, Sébastien Lecornu, l’ancien chef du gouvernement a salué les positions prudentes du nouveau Premier ministre sur les retraites et la fiscalité, jugeant « utiles » ces rappels. En filigrane, le MoDem redoute toutefois que la fermeture de la porte à un accord avec le Parti socialiste ne laisse le Rassemblement national dans une position d’arbitre. Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l’Assemblée, a exhorté le PS à saisir la main tendue, rappelant qu’« aucun compromis ne peut se nouer sans eux ».
Au-delà des enjeux budgétaires, François Bayrou a élargi son propos à la scène internationale, décrivant un « basculement de l’histoire » depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Dans un registre plus personnel, il a également exprimé son soutien à Nicolas Sarkozy, estimant que l’exécution provisoire de sa condamnation dans l’affaire libyenne privait l’ancien président de toute véritable possibilité d’appel.
Sous les applaudissements nourris de ses partisans, François Bayrou a conclu en affirmant que, contrairement à d’autres forces politiques déjà tournées vers les prochaines élections, le MoDem se battait avant tout pour « la prochaine génération ». Une manière de rappeler son ambition de rester une voix incontournable du paysage politique français, malgré l’échec récent de son passage à Matignon.
