Jamais autant de personnalités ouvertement homosexuelles n’avaient occupé de postes clés au sein d’un gouvernement républicain. Du Trésor au Département d’État, l’entourage de Donald Trump compte des figures gays influentes, revendiquant à la fois leur orientation et leur fidélité au mouvement MAGA.
C’est un paradoxe qui surprend autant qu’il interroge. Selon une enquête du New York Times, l’administration Trump abrite aujourd’hui un nombre inédit de responsables politiques ouvertement homosexuels. Ils sont visibles, influents, et ne dissimulent ni leur orientation sexuelle ni leur loyauté au président républicain.
Le quotidien new-yorkais les a surnommés les « A-Gays », contraction de A-list gays : une élite d’hommes gays, en grande majorité blancs, bien introduits dans les cercles du pouvoir. Parmi eux, le secrétaire au Trésor Scott Bessent, présenté comme « l’homme ouvertement gay le plus puissant de Washington », mais aussi Jacob Helberg, sous-secrétaire d’État, Trent Morse, conseiller adjoint du président, et Richard Grenell, désormais à la tête du Kennedy Center.
Contrairement aux générations passées, ces hommes assument pleinement leur orientation, sans chercher à l’inscrire dans un discours militant. Leur style est décrit comme uniforme – costume sobre, cheveux courts – et leur identité politique claire : ils sont avant tout républicains. « Ils sont gays, mais surtout républicains », résume le New York Times.
Lors de son premier mandat, Donald Trump avait déjà nommé quelques personnalités homosexuelles, mais jamais en nombre ni en visibilité comparables. Désormais, le président peut s’appuyer sur ce qu’il qualifie de son propre establishment. Et celui-ci reflète un changement notable : le mouvement MAGA attire et promeut davantage de figures gays que l’ancien establishment républicain conservateur.
Ce basculement est d’autant plus frappant que Washington a longtemps été marqué par une grande discrétion sur la question. Comme le rappelle le journaliste James Kirchick, auteur de Secret City: The Hidden History of Gay Washington, « être ouvertement gay était jadis la pire des choses dans le petit monde politique américain ». Il estime que Donald Trump, paradoxalement, a contribué à briser ce tabou : « Il est clairement à l’aise avec les homosexuels ».
Le contraste est fort avec les positions de l’administration sur la communauté LGBTQ. Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a multiplié les mesures hostiles aux personnes transgenres et interdit l’usage de termes comme « LGBTQ », « inclusivité » ou « transgenre » dans les documents officiels. Ses collaborateurs gays balaient les critiques, assurant qu’il est impossible de qualifier le mouvement MAGA d’homophobe.
Cette ambiguïté se retrouve jusque dans le style Trump lui-même. Exubérant, flamboyant, amateur de musiques camp comme Abba ou Queen, le président a même été comparé à « une drag-queen » par James Kirchick, qui souligne son côté extravagant et transgressif. Dans la capitale fédérale, une véritable scène gay républicaine s’est développée, avec des soirées sélectes à Dupont Circle ou Capitol Hill, souvent soutenues par le milliardaire Peter Thiel, figure tutélaire de cette mouvance.
Pour Casey Flores, jeune recrue du Kennedy Center, cette évolution dérange les progressistes : « Les gays de gauche ne supportent pas le fait que le président Trump aime les gays. L’idée selon laquelle les républicains détestent les homosexuels est tout simplement fausse ». Une affirmation qui, en pleine croisade présidentielle contre les droits des personnes trans, continue de nourrir le débat sur les contradictions de l’ère Trump.
Sources :
New York Times – Trump’s A-Gays: How MAGA Embraced Gay Power Players – lien
Courrier international – États-Unis : le gouvernement si gay de Donald Trump – lien