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Supercalculateur Jupiter : l’Europe arme sa souveraineté technologique face à la course mondiale à l’IA

Avec l’inauguration de Jupiter, premier supercalculateur exascale du continent, l’Europe entend renforcer sa position dans la compétition mondiale sur l’intelligence artificielle. Installée à Jülich, la machine veut incarner à la fois puissance de calcul et symbole politique. Mais suffira-t-elle à combler le retard face aux géants américains et chinois ?

Un million de milliards de milliards d’opérations par seconde. La puissance brute de Jupiter, inauguré le 5 septembre à Jülich, près de Cologne, donne le vertige. Conçu par le groupe français Atos et financé conjointement par l’Allemagne et l’Union européenne, ce premier supercalculateur exascale européen devient l’ordinateur le plus rapide du continent et le quatrième au monde. Pour Berlin, il ne s’agit pas seulement d’une prouesse technique, mais d’un jalon stratégique destiné à affirmer la souveraineté technologique européenne.

“L’incroyable efficacité énergétique de Jupiter va marquer un tournant dans l’histoire des technologies”, relève le Handelsblatt. Mais au-delà de la performance, le gouvernement de Friedrich Merz y voit un “symbole du moteur d’un nouvel écosystème d’innovation”. Car l’enjeu dépasse le calcul scientifique : Jupiter doit soutenir la formation et l’entraînement des grands modèles de langage, ces architectures neuronales qui fondent aujourd’hui les avancées de l’intelligence artificielle générative.

La presse allemande salue cette rupture. “Voir un tel ordinateur ici, où la fibre optique passait jusqu’à présent pour la pointe du progrès, tient presque du miracle”, ironise T-Online, en soulignant que la machine devrait donner un coup d’accélérateur à un secteur numérique allemand réputé en retard. De son côté, la chaîne publique Tagesschau insiste sur l’ambition européenne de faire de Jupiter l’épicentre d’une “AI Factory”, conçue pour stimuler la recherche, renforcer les capacités de calcul et, à terme, rivaliser avec les pôles américains et chinois.

Mais cette victoire symbolique cache une réalité plus nuancée. Ni Amazon, ni Microsoft, ni Google, ni XaI, n’apparaissent dans les classements des supercalculateurs publics, alors que leurs infrastructures privées sont souvent bien plus puissantes. Quant à la Chine, elle garde désormais le silence sur ses propres capacités, laissant planer un doute sur l’ampleur réelle de son avance. L’Union européenne, elle, se dote certes d’outils de pointe, mais reste à la traîne en matière d’investissements.

Une étude du cabinet Deloitte, citée par la Tagesschau, estime que près de 60 milliards d’euros devront être investis d’ici à 2030 pour espérer placer l’Europe à niveau dans la compétition mondiale de l’IA. À titre de comparaison, Jupiter n’a coûté “que” 500 millions d’euros. Un effort encore marginal face à la démesure des financements américains et chinois. “Le superordinateur ne suffira pas à attirer les chercheurs américains et chinois en Allemagne”, tranche le Spiegel, qui y voit davantage un acte de foi qu’un véritable tournant géopolitique.

Sources :
Der Spiegel – 5 septembre 2025 – lien
Handelsblatt – 5 septembre 2025 – lien
T-Online – 5 septembre 2025 – lien
Tagesschau – 5 septembre 2025 – lien

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