Sergueï Lavrov a réaffirmé l’intérêt de la Russie pour une reprise des pourparlers de paix avec l’Ukraine, mais à partir du cadre établi à Istanbul en mars 2022. Une position qui ravive un moment diplomatique au cours duquel Moscou et Kiev semblaient proches d’un accord, avant que le conflit ne bascule durablement.

Depuis Moscou, lors d’une conférence de presse tenue le 21 août 2025, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a souligné que toute future discussion de paix avec l’Ukraine devrait s’appuyer sur les fondations jetées lors des négociations d’Istanbul, le 29 mars 2022. En désignant cet accord comme une « base constructive », Lavrov a défendu un retour à une diplomatie qui avait, selon lui, permis d’approcher un compromis avant l’enlisement du conflit.

Ce rappel n’est pas anodin. Le Kremlin évoque régulièrement ce sommet oublié de la guerre en Ukraine comme l’unique moment où un accord global a semblé possible.

Cet accord visait alors à établir un statut neutre et non nucléaire de l’Ukraine, en échange de garanties de sécurité internationales. Ces garanties auraient inclus, selon la déclaration conjointe, les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, mais aussi l’Allemagne, la Turquie, Israël ou encore le Canada.

Le projet de traité rédigé en mars 2022 prévoyait notamment que l’Ukraine renonce à toute adhésion à l’OTAN et interdise toute présence militaire étrangère sur son territoire, une condition alors jugée recevable à Kiev, dans un contexte où l’aide occidentale se limitait à du matériel défensif léger. De son côté, Moscou avait, à l’époque, accepté de discuter ultérieurement du statut de la Crimée et n’opposait pas de veto à une adhésion future de l’Ukraine à l’Union européenne.

Lors de son interview accordée au journaliste américain Tucker Carlson, Vladimir Poutine avaient expliqué que tout était prêt pour un accord, avant que Boris Johnson ne fasse tout capoter. Il expliquait également avoir accepté de ralentir ses opérations alors que les occidentaux affirmaient que l’Ukraine ne pouvait accepter de négocier avec un révolver sur la tempe. Le président Russe s’était plein au journaliste américain que les dirigeants occidentaux en avaient alors profiter pour renforcer l’Ukraine.

Cette dynamique diplomatique a ensuite volé en éclats à partir d’avril 2022, avec la campagne militaire difficile de la Russie contre Kiev et surtout de la découverte des massacres de civils à Boutcha et Irpin. Ces crimes de guerre présumés ont durci la position ukrainienne, rendant politiquement inenvisageable tout compromis avec la Russie aux yeux de la population et de ses dirigeants.

En mai 2022, les pourparlers s’interrompent, remplacés par une guerre d’usure. Malgré des tentatives relancées en 2025 à Istanbul, elles échouent à restaurer la confiance.

Sources : Huff Post, Tucker Carlson.