Sven Liebich, ancien chef d’un groupe néonazi, a changé légalement de genre et demande à purger sa peine de prison dans un établissement féminin. Cette situation inédite en Allemagne suscite un vif débat politique et sociétal sur la loi facilitant les transitions de genre.
En Allemagne, une affaire mêlant politique pénitentiaire, identité de genre et extrême droite provoque une intense controverse. Sven Liebich, 54 ans, ancien leader du groupe néonazi interdit Blood & Honour, a récemment changé légalement de sexe et se fait désormais appeler Marla Svenja. Condamné en 2023 à 18 mois de prison pour « incitation à la haine », il demande à purger sa peine dans une prison réservée aux femmes, à Chemnitz, conformément à son nouveau statut légal.
Militant connu pour ses prises de position xénophobes, homophobes et transphobes, Liebich s’est illustré ces dernières années par ses attaques verbales contre les minorités et son soutien affiché à Vladimir Poutine. Ironie du sort, il s’appuie désormais sur la loi allemande, entrée en vigueur en novembre 2024, qui permet un changement de sexe par simple déclaration à l’état civil. Sa demande, validée par le parquet, a provoqué une onde de choc dans la classe politique et l’opinion publique.
Ses détracteurs dénoncent une manœuvre opportuniste et provocatrice. Certains y voient une tentative de tourner en ridicule la législation, en rupture totale avec les convictions idéologiques de l’intéressé. D’autres estiment qu’il cherche surtout à bénéficier de conditions plus favorables dans une prison pour femmes. « Comment l’administration peut-elle tomber dans le piège de l’identité de genre sans considérer le sexe biologique ? », s’est indignée Valérie Wilms, députée écologiste transgenre au Bundestag.
Les critiques se multiplient jusque dans les rangs du SPD, des Libéraux et du ministère fédéral de la Justice, qui réclament son incarcération dans un établissement masculin. Tous invoquent la nécessité de garantir la sécurité des détenues, notamment celles issues de minorités déjà ciblées par l’idéologie de Liebich.
La décision finale reviendra à une commission pénitentiaire qui devra évaluer le risque que représente l’homme pour ses codétenues et pour l’ordre de l’établissement. En cas de danger jugé avéré, il pourrait être transféré vers une prison pour hommes. Le verdict est attendu dans les deux semaines à venir, délai au terme duquel Sven Liebich doit se présenter pour exécuter sa peine.
Sources :
Le Figaro – Allemagne : un néonazi fait une transition de genre pour purger sa peine dans une prison féminine (22 août 2025) – lien