Le trio nord-irlandais Kneecap est au centre d’une vive polémique avant son passage au festival Rock en Seine 2025. Connu pour son style punk rap et son engagement en faveur de la cause palestinienne, le groupe est scruté de près par le ministère de l’Intérieur. Ce dimanche 17 août, Kneecap se produit au Cabaret Vert de Charleville-Mézières, une étape décisive avant leur concert très attendu au domaine national de Saint-Cloud le 24 août.
Depuis plusieurs mois, le groupe fait l’objet d’une surveillance particulière. En mai dernier, un de ses membres a été inculpé à Londres pour avoir brandi un drapeau du Hezbollah lors d’un concert, un geste qui avait suscité l’indignation. En France, c’est la députée macroniste Caroline Yadan qui a demandé officiellement l’interdiction du groupe dans le cadre de Rock en Seine. Elle invoque des inquiétudes liées au respect du contrat d’engagement républicain et considère que Kneecap pourrait constituer un trouble à l’ordre public.
Dans une lettre adressée à la parlementaire, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a rappelé que le groupe avait déjà pris des engagements de « bonne conduite » avant son passage aux Eurockéennes de Belfort en juillet, ce qui avait permis à leur concert de se tenir sans incident. Mais il prévient que la même vigilance s’appliquera en ce mois d’août. Ses services ont reçu pour consigne de surveiller attentivement le concert au Cabaret Vert et de judiciariser immédiatement tout dérapage. Retailleau ajoute qu’un éventuel incident entraînerait la suspension pure et simple de la prestation du groupe à Rock en Seine.
Cette fermeté n’a pas tardé à provoquer des réactions dans le monde culturel. L’homme d’affaires Matthieu Pigasse, propriétaire du festival Rock en Seine, a vivement critiqué les déclarations de Caroline Yadan. Dans un message publié sur X, il a dénoncé ce qu’il considère comme des amalgames « honteux et lamentables » entre antisémitisme, islamisme et soutien à la Palestine. Pigasse rappelle que Kneecap, comme tous les artistes programmés, n’a pris qu’un seul engagement : respecter les valeurs du festival. Selon lui, toute tentative de censure au nom de ces accusations fragilise la liberté d’expression artistique.
À quelques jours de Rock en Seine, le cas Kneecap dépasse le cadre musical et devient un symbole des tensions politiques actuelles. Entre la volonté des autorités de prévenir tout débordement et la défense par le monde culturel de la liberté des artistes, le festival pourrait bien se transformer en champ de bataille idéologique.