À la suite de l’assassinat d’un militant palestinien, la France durcit sa position face à l’expansion coloniale israélienne en Cisjordanie. En qualifiant les exactions de certains colons d’« actes de terrorisme », le Quai d’Orsay franchit un seuil diplomatique inédit.
La diplomatie française a prononcé des mots d’une rare sévérité. Ce mardi 29 juillet, dans une déclaration sans précédent, le ministère des Affaires étrangères a qualifié de « terrorisme » les violences perpétrées par des colons israéliens en Cisjordanie occupée. Cette prise de position intervient au lendemain de la mort du militant palestinien Awdah Muhammad Hathaleen, tué par des civils armés israéliens dans le sud du territoire, selon plusieurs témoins. Connu pour son engagement non violent contre l’occupation, Awdah Hathaleen avait récemment participé au documentaire No Other Land, récompensé aux Oscars 2024.
Dans un communiqué, le porte-parole du Quai d’Orsay a condamné « avec la plus grande fermeté » ce meurtre, évoquant également « les violences délibérées perpétrées par des colons extrémistes à l’encontre de la population palestinienne, qui se multiplient à travers la Cisjordanie ». D’après l’AFP, c’est la première fois que la France assimile officiellement ces violences à des actes de terrorisme.
La Cisjordanie, occupée depuis 1967, est le théâtre d’une intensification des tensions depuis l’embrasement du conflit à Gaza, le 7 octobre dernier. Selon des sources palestiniennes et onusiennes, au moins 962 Palestiniens y ont été tués au cours des neuf derniers mois. Ils vivent désormais à trois millions sous administration fragmentée, face à près d’un demi-million de colons israéliens installés dans des implantations jugées illégales par le droit international.
Dans une allocution aux Nations unies, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a dénoncé « l’accélération de la colonisation » et les exactions commises par ce qu’il appelle « les colons extrémistes ». Il décrit un processus méthodique : « De colline en colline, ils arrachent les oliviers, brûlent les récoltes et chassent l’arme au poing les Palestiniens de chez eux avec la complicité coupable des autorités israéliennes. »
Ce discours, tenu dans un contexte de virage diplomatique assumé, s’inscrit dans la lignée de l’annonce faite le 24 juillet par Emmanuel Macron : la France s’apprête à reconnaître officiellement l’État de Palestine. Une décision que le gouvernement présente comme une réponse politique à « l’échec du statu quo » et à « l’impossibilité grandissante d’une solution à deux États ». Jean-Noël Barrot s’est montré particulièrement inquiet : « Le mitage croissant du territoire palestinien compromet la possibilité même qu’un État puisse le gouverner. » Il a également fustigé le vote récent de la Knesset en faveur de l’annexion totale de la Cisjordanie, une initiative qu’il qualifie de violation flagrante du droit international.
L’usage par la France du terme « terrorisme » pour désigner les actes de violence de certains colons marque un tournant diplomatique. Il reflète un agacement croissant de Paris face à ce qu’elle perçoit comme une dérive expansionniste et radicale de la politique israélienne en territoire occupé.
Source : Huff Post.