Donald Trump et Vladimir Poutine se rencontrent ce vendredi 15 août en Alaska pour discuter d’un éventuel accord de paix en Ukraine. Si l’État américain a longtemps cultivé des liens historiques avec la Russie, la guerre en Ukraine a refroidi les relations.
Donald Trump et Vladimir Poutine se retrouvent ce vendredi 15 août en Alaska pour discuter d’un éventuel accord de paix en Ukraine. Si l’État américain a longtemps cultivé des liens historiques avec la Russie, la guerre en Ukraine a considérablement refroidi ces relations.
L’Alaska, carrefour historique entre l’Amérique du Nord et la Russie, accueille ce sommet inédit avec un objectif affiché : trouver un accord pour mettre fin au conflit, possiblement via un échange de territoires, une hypothèse déjà source de vives polémiques.
Le passé russe de l’Alaska
Jusqu’au XIXᵉ siècle, l’Alaska appartenait à l’Empire russe. Colonisée à partir de 1784, la région servait de base pour le commerce des fourrures et l’expansion dans le Pacifique Nord. Mais au milieu du XIXᵉ siècle, le territoire, isolé et difficile à défendre, présentait peu d’intérêt économique pour Saint-Pétersbourg. La Russie craignait également qu’en cas de conflit, notamment avec la Grande-Bretagne voisine via le Canada, la puissante Royal Navy ne s’en empare sans compensation.
Le 30 mars 1867, le tsar Alexandre II céda donc l’Alaska aux États-Unis pour 7,2 millions de dollars, soit environ 2 cents l’acre, dans le cadre d’un traité négocié par son ambassadeur à Washington, Edouard de Stoeckl, et le secrétaire d’État américain William Seward. Avec une superficie de 1,6 million de km², cet achat marquait à la fois une étape de l’expansion américaine dans le Pacifique et le recul des puissances européennes en Amérique, conformément à la doctrine Monroe, énoncée par le président James Monroe le 2 décembre 1823 dans son discours annuel au Congrès, reposant sur un principe simple : l’Amérique aux Américains. Les puissances européennes ne devaient plus coloniser ni intervenir dans les affaires politiques du continent américain.
À l’époque, l’opinion publique américaine se montra sceptique. La presse parla de « folie de Seward » ou de « jardin aux ours polaires ». Mais la découverte ultérieure d’or, puis de pétrole, fit taire les critiques et confirma l’intérêt stratégique du territoire, situé face à la Sibérie, de l’autre côté du détroit de Béring.
La cérémonie de transfert eut lieu le 18 octobre 1867 à Sitka : le drapeau russe fut descendu, celui des États-Unis hissé. La plupart des colons russes repartirent, mais certaines communautés, églises orthodoxes et traditions perdurèrent, nourrissant un héritage russo-américain encore visible aujourd’hui.
D’un héritage partagé à une méfiance accrue
Longtemps fier de cette double identité, l’Alaska a vu ses relations avec la Russie se dégrader depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022. L’Assemblée d’Anchorage a ainsi mis fin à un jumelage vieux de plusieurs décennies avec la ville sibérienne de Magadan.
Si l’État reste une plaque tournante diplomatique — il avait accueilli en 2021 des pourparlers sino-américains à Anchorage —, l’accueil réservé à Vladimir Poutine risque d’être glacial. Les élus locaux républicains soutiennent le sommet, y voyant un moment de prestige et une opportunité de paix. La sénatrice Lisa Murkowski espère un accord « équitable », tandis que le président du Parti démocrate d’Alaska, Eric Croft, y voit surtout la preuve de l’incapacité de Donald Trump à tenir sa promesse d’un règlement rapide du conflit.
Quoi qu’il en soit, cette rencontre rappelle que l’Alaska n’est pas seulement une frontière géographique, mais aussi un point de jonction historique entre deux puissances dont les relations oscillent entre coopération et confrontation depuis plus de 150 ans.
Source : Courrier international, Wikipedia.