François Bayrou a dévoilé ce mardi 15 juillet à Matignon un plan de rigueur sans précédent visant à économiser 43,8 milliards d’euros. Gel des prestations sociales et des barèmes, suppression de 3 000 postes parmi les fonctionnaires, deux jours fériés en moins : la France entre dans une cure d’austérité pour ramener le déficit à 4,6 % en 2026.
Dans le salon feutré de l’avenue de Ségur, entouré de ministres et de parlementaires, François Bayrou a présenté le « moment de vérité » auquel fait face la France. Trois mois après avoir lancé un premier Comité d’alerte sur les finances publiques, le Premier ministre fixe un diagnostic alarmant : une dette équivalente à 113,9 % du PIB, soit 3 345,4 milliards d’euros, augmentant de 5 000 € à chaque seconde, selon ses calculs. Avec un déficit prévu à 5,4 % en 2025, le plan vise à le ramener à 4,6 % en 2026, puis 2,8 % en 2029, conforme aux critères européens.
Ce sont 43,8 milliards d’euros d’économies—initialement 44 milliards—que mobilise Matignon, répartis en deux volets : « stop à la dette » et « en avant la production ». Le gouvernement entend faire contribuer l’ensemble des acteurs : l’État et ses opérateurs (réduction de 10 milliards), les collectivités territoriales (–5,3 milliards), les dépenses sociales (–5 milliards) et un plan baptisé « année blanche » pour geler les prestations, barèmes et abattements pour –7,1 milliards. Ces mesures incluent aussi la suppression de deux jours fériés (–4,2 milliards), le lundi de Pâques et le 8 Mai et une prochaine loi de justice fiscale (–9,9 milliards).
Le gel des prestations sociales, dont handicap, RSA et retraites, est l’un des volets les plus controversés. L’IPP et la CSG seront aussi gelés, ce qui rapportera 1,4 milliard. Selon l’Institut des politiques publiques, la mesure pèsera plus lourdement sur les 5 % des foyers les plus modestes, amputant près de 1 % de leur revenu disponible comparativement à une indexation classique.
Dans la fonction publique, excluant l’Éducation nationale, l’objectif est de supprimer 3 000 postes dès 2026 et, à partir de 2027, de ne remplacer qu’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite. Parallèlement, l’État entend économiser massivement sur ses 434 opérateurs et 317 organismes consultatifs, avec une cible de 5,2 milliards d’euros d’ici deux ans.
Les recettes fiscales seront également sollicitées. Matignon prévoit de rogner 3,4 milliards sur les niches fiscales et sociales, notamment le régime dérogatoire de 10 % sur les pensions, transformé en forfait. Par ailleurs, une future loi de lutte contre la fraude devrait rapporter 2,3 milliards. Le « rabot fiscal » sur les hauts patrimoines et les revenus visera à générer 4,2 milliards.
Cette cure de rigueur ne doit pas toucher les finances de la défense : le budget des Armées restera protégé, avec un renforcement de 3,5 milliards en 2026 et encore 3 milliards en 2027, conformément à la loi de programmation militaire.
Source : Libération, Le Monde.