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Photo : @Greg Fiori

Lyon : La Boxe populaire Croix Rousse au campement des Chartreux avec Marion Montanari championne multi-boxe

Un entraînement de boxe pas comme les autres a eu lieu au campement du Jardin des Chartreux à Lyon, qui abrite des jeunes migrants en attente de reconnaissance de leur minorité. Sous la houlette de Marion Montanari, championne du monde multi-disciplinée, la Boxe Populaire Croix-Rousse a offert un moment de partage sportif et solidaire avec les jeunes exilés qui vivent dans des conditions précaires.

Sous les platanes du jardin des Chartreux, un ring imaginaire s’est dressé ce dimanche. C’est là, au cœur d’un campement de fortune abritant près de 280 jeunes exilés, que la Boxe Populaire Croix-Rousse a organisé un entraînement inédit. À l’initiative de l’association et du collectif Soutien Migrants Croix-Rousse, la séance a été menée par une invitée de marque : Marion Montanari, multiple championne du monde en boxe française, kickboxing, full contact et boxe anglaise professionnelle.

Marion Montanari et Steve.

L’objectif était clair : partager la boxe comme un levier d’émancipation, offrir un moment d’échange et d’apprentissage à ceux qui, souvent laissés pour compte, n’ont accès à aucun cadre sportif. « La boxe et le sport en général, ça se partage », nous a confié Marion Montanari à l’issue de l’entrainement. « Il y a tellement de potentiel ici, des gens motivés, à l’écoute, techniques. C’était un entraînement très intéressant », a-t-elle ajouté.

Oumar et Marion Monatnari.

Parmi les participants, certains comme Aboubacar ne sont pas inconnus de la Boxe Populaire. Arrivé au club il y a quelques mois, il a déjà disputé ses premiers combats. Ce jour-là, il prêtait main forte pour encadrer la séance : « Je remercie la Boxe Populaire, parce que quand on vient ici, on vient avec l’amour de la boxe, pas pour l’argent. » Lui-même habitant du campement, il s’efforce de motiver ses camarades à rejoindre l’entraînement : « La porte est ouverte, c’est mieux que de rester sans rien faire. »

Pour d’autres, comme Enrique, c’était une première. Volubile et ému, il raconte : « C’est ma première séance de boxe. J’ai aimé, j’ai été bien accueilli. M’entraîner avec une championne, c’était un rêve. Maintenant, je veux revenir et progresser. »

Marion Montanari et Henrique.

La Boxe populaire Croix-Rousse milite pour une pratique inclusive du sport, accessible à tous et toutes. « Quand on met une grande championne en face de ces jeunes, c’est ça le vrai “noble Art” », explique l’un des organisateurs. « C’est quand les plus compétents coopèrent pour permettre à ceux dans la difficulté de s’émanciper. »

Les boxeurs de la Boxe Populaire Croix Rousse et Marion Montanari.

Ce n’est pas la première fois que la Boxe Populaire Croix-Rousse intervient dans des lieux de vie précaires. L’association s’était notamment rendue dans le 7e arrondissement au Square du Béguin qui abritait déjà des jeunes en recours. C’est d’ailleurs après le démantelement de ce camp, quand la Ville de Lyon avait proposé de reloger certains jeunes migrants, mais en laissant d’autres sur le carreau, que le campement des Chartreux avait été érigé.

Filiba et Marion Montanari.

Si l’ambiance était à l’effort et au sourire dimanche, le décor n’en reste pas moins dramatique. Le collectif Soutien Migrants rappelle la réalité du lieu : conditions de vie très dures, carences d’hygiène, absence de solutions d’hébergement pérennes. La ville de Lyon a tenté d’améliorer le quotidien avec davantage de toilettes et un projet de douches. Mais la métropole et la préfecture, responsables de l’hébergement d’urgence, restent sourdes aux appels répétés.

« Il faut constater qu’il y a une crise humanitaire ici à Lyon », martèle Sébastien, membre du collectif. « Si les institutions n’ont pas les moyens, qu’elles le disent, et faisons appel à l’aide internationale. » En attendant, ce sont les associations, bénévoles, éducateurs et parfois champions qui, au quotidien, mènent le combat.

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