La Banque centrale européenne tire la sonnette d’alarme sur l’impact économique des catastrophes climatiques. Si rien n’est fait, la zone euro pourrait perdre jusqu’à 5 % de son PIB dès 2030, une menace inédite sur la stabilité financière et la croissance.
C’est un avertissement sans détour que lance la Banque centrale européenne. Dans une note de blog publiée le mardi 9 juillet, l’institution de Francfort alerte sur le coût colossal que pourrait représenter une succession de catastrophes climatiques pour la zone euro. Incendies, sécheresses, inondations, tempêtes : la répétition d’événements extrêmes pourrait amputer jusqu’à 5 % du produit intérieur brut européen dès 2030, selon ses estimations.
Appuyée sur les scénarios du NGFS (Network for Greening the Financial System), une coalition de plus de 140 banques centrales et autorités de régulation, la BCE propose un cadre de simulation inédite à court terme, centrée sur des chocs extrêmes supposés survenir statistiquement tous les cinquante ans. Loin des projections classiques à l’horizon 2050, ces scénarios visent à alerter sur les conséquences imminentes du dérèglement climatique.
Parmi eux, le scénario noir baptisé « Catastrophes et inertie politique » fait frémir. Il anticipe, dès 2026, des vagues de chaleur extrême suivies, en 2027, de violentes inondations et tempêtes. Le coût économique se traduirait par une baisse de productivité liée aux chaleurs extrêmes, des destructions d’infrastructures – ponts, routes, usines –, une inflation accrue et un accès au crédit rendu plus difficile pour les secteurs vulnérables.
La Commission européenne, pour sa part, estime déjà que les sécheresses coûtent chaque année environ 9 milliards d’euros, soit près de 5 % du budget annuel de l’Union en 2024. Des pertes qui ne feront qu’augmenter sans action concrète.
À l’opposé, un scénario optimiste intitulé « L’autoroute vers Paris » table sur une transition rapide et coordonnée vers la neutralité carbone, conformément à l’accord de Paris de 2015. Selon la BCE, des investissements massifs dans les technologies vertes pourraient même stimuler la croissance tout en contenant l’inflation. Toutefois, retarder cette transition de seulement trois ans générerait des pertes de production significatives et des tensions inflationnistes accrues.
Créé en 2017 à la suite de la COP21, le NGFS regroupe notamment la BCE, la Banque d’Angleterre et la Banque du Japon. Son objectif : intégrer les risques climatiques dans la régulation financière mondiale. Les données fournies par ces nouveaux scénarios alimenteront les prochains tests de résistance climatique menés auprès des principales institutions financières européennes.
Face à un avenir incertain, la BCE appelle les décideurs publics et privés à une prise de conscience urgente. Le coût de l’inaction, désormais quantifié, s’annonce, selon elle, dévastateur.
Source : La Tribune avec AFP (9 juillet 2025), Banque centrale européenne